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Syrie: l'économie syrienne a fait un bond en arrière de 30 ans

Inflation à 2 chiffres, 50% des actifs au chômage, échanges internationaux réduits, infrastructures réduites et la moitié de la population déplacée: la Syrie est à genoux sur le plan économique.

21 nov. 2014, 10:36
Armed people, believed to be Kurdish fighters, stand behind a wall, bottom center-left, as smoke rises from the Syrian city of Kobani, following airstrikes by the US led coalition, seen from a hilltop outside Suruc, on the Turkey-Syria border Monday, Nov. 17, 2014. Kobani, also known as Ayn Arab, and its surrounding areas, has been under assault by extremists of the Islamic State group since mid-September and is being defended by Kurdish fighters. (AP Photo/Vadim Ghirda)

La Syrie est économiquement en ruines. Le conflit brutal qui déchire le pays depuis près de quatre ans a fait revenir trois décennies en arrière l'économie syrienne, qui pourrait bien ne jamais s'en remettre, estiment des experts.

Avec une inflation à deux chiffres, la moitié de la population au chômage, des échanges avec l'extérieur réduits à peau de chagrin et des infrastructures en majorité détruites, "le pays a perdu une décennie en termes d'indice de développement humain et son économie est revenue à son niveau des années 1980", affirme Bassel Kaghadou, chargé par les Nations unies de réfléchir aux façons de reconstruire l'économie et la société syriennes.

"La Syrie ne sera plus jamais la même, son économie sera plus modeste, sa population moins nombreuse", assure-t-il.

Depuis le début en 2011 de la guerre civile, "le PIB s'est contracté de plus de 40%", selon May Khamis, responsable du Fonds monétaire international (FMI) au Moyen-Orient. "La production pétrolière est quasiment à l'arrêt, l'inflation est passée de 4% en juin 2011 à plus de 120% en août 2013 et avoisinait les 50% en mai 2014", explique-t-elle.

Exode en cause

Les sanctions économiques internationales, qui ont notamment ciblé les secteurs bancaire et pétrolier, ont fragilisé un pays où près de la moitié de la population a dû quitter ses foyers et dont le territoire est fragmenté en plusieurs zones d'influences: régime, rebelles modérés ou islamistes et jihadistes comme le Front Al-Nosra et le groupe Etat islamique.

Outre le côté sécuritaire, beaucoup de sociétés étrangères ont décidé de ne plus travailler dans un pays mis au ban de la communauté internationale afin de ne pas ternir leur image, selon Jihad Yazigi, rédacteur en chef du site d'informations économiques The Syria Report. "Elles ont peur des conséquences, par exemple sur leurs activités aux Etats-Unis", dit-il.

Le gouvernement n'a en outre plus de revenus "importants", analyse M. Yazigi.

Bon du prix du pain

Pour s'adapter, le régime a mis en place des mesures drastiques d'économies, supprimant nombre de subventions. Le prix du pain a bondi de 70%, ceux du riz et du sucre ont doublé. Le coût de l'électricité et de l'eau a également explosé, selon Jihad Yazigi.

"Le gouvernement n'importe plus que ce qu'il considère comme le strict nécessaire: de la nourriture et des armes", souligne un économiste spécialisé sur la Syrie, sous couvert de l'anonymat.

Selon lui, le régime s'en remet à de riches hommes d'affaires pour payer la solde des miliciens pro-gouvernementaux et acheter du pétrole à l'étranger afin de fournir des entreprises privées. Une économie parallèle s'est en outre développée et les actes de pillage par des milices pro-régime se sont multipliés.

A court terme, M. Yazigi prévoit la poursuite du déclin de l'économie mais pense que le gouvernement parviendra à rester à flot avec l'aide de ses alliés russes et iraniens. L'an passé, Téhéran a ainsi ouvert deux lignes de crédit pour un total de 4,6 milliards de dollars afin que Damas finance des importations d'énergie et de blé.

Au moins dix ans

Pour le programme des Nations unies dirigé par Bassel Kaghadou, il faudrait au moins une décennie pour reconstruire. Or des facteurs majeurs vont compliquer ce processus, notamment l'"énorme perte en capital humain" consécutive à la fuite de nombreux habitants et à l'interruption forcée de l'éducation et la formation de toute une génération.

Alors qu'un règlement du conflit semble encore loin, M. Kaghadou n'est guère optimiste: "Chaque jour qui passe complique les choses".

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