ici, le cours des saisons n’a guère d’importance. Eté comme hiver, le jardin du temple Ryoan-ji, à Kyoto, revêt la même apparence, comme un pied de nez au temps qui passe ou un hommage à l’éternité. Il doit cet aspect immuable aux divers minéraux qui le composent, à l’exclusion de toute plante; une économie de moyens conforme à la volonté zen d’éliminer le superflu, jusqu’à l’élément liquide, suggéré par des motifs de vagues redessinés chaque jour au râteau dans le sable et le gravier.
Tout juste sorti de sa méditation face à cet univers de poche, un moine explique: «Le jardin actuel a trente mètres de long et dix de large. A sa création, il faisait 108 tatamis (ndlr: 197 m², le tatami étant l’ancienne unité de mesure). Il contient quinze roches grisâtres de différentes tailles, réparties en cinq groupes de deux, trois ou cinq pierres, disposées de façon...