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Le transit de Vénus ne sera vu, en Suisse, que des hauteurs

Pour avoir une chance d'observer le transit de Vénus devant le Soleil, second et dernier du siècle mercredi, il faudra grimper sur les sommets.

03 juin 2012, 11:18
Les 5 et 6 juin prochains, Vénus passera entre la Terre et le Soleil. Ce phénomène s'était produit en 2004 pour la dernière fois. Et il ne se reproduira plus durant 105 ans.

Le Soleil se lèvera vers 5 h 45 à l'azimut 55 degrés, au sommet du Moléson (FR), mercredi prochain. Et c'est là, ou sur un sommet alpin, préalpin ou jurassien - en tous les cas le plus haut possible et le sommet du Mont-Blanc serait dès lors parfait - qu'il faudra se trouver pour avoir une chance d'observer le transit de Vénus devant le Soleil, second et dernier du siècle. Les prévisions météorologiques ne semblent toutefois pas très favorables. Une fenêtre de ciel clair est cependant possible au Sud des Alpes.

L'Europe, cette fois, est en position défavorable et les heureux observateurs seront ceux du continent nord-américain et, mieux encore, les habitants sous les fuseaux horaires du Pacifique, jusqu'en Australie. Alors qu'en 2004, le transit s'est produit à travers les quadrants inférieurs du Soleil, cette fois, il débutera à mi-hauteur du quadrant supérieur gauche et, en Europe, seule la fin de la course dans le quadrant supérieur droit sera visible. Les prochains passages auront lieu le 11 décembre 2117 et le 8 décembre 2125. Les passages équivalents à 2004-2012 auront lieu les 11 juin 2247 et 9 juin 2255, soit après un intervalle de 243 ans.

En heure locale suisse et pour la zone TU+2, le phénomène débutera 3 minutes après minuit, mercredi, avec l'abord du disque solaire par la planète. La traversée s'achèvera entre 6 h 37 et 6 h 55, le Soleil étant à peine au-dessus de l'horizon Est dans nos régions. En 2004, la totalité du passage avait été visible, ce qui n'était pas arrivé depuis celui de 1283 (mais alors personne, très probablement, ne l'avait observé) et ne se reproduira qu'en 2247. L'événement de 2004 avait été suivi par d'innombrables observateurs dans toute l'Europe, notamment par des élèves de très nombreux collèges qui avaient ensuite publié leurs photos sur Internet. C'est au tour, cette fois, des élèves de la zone Pacifique de jouer. Des programmes sont d'ailleurs prévus de longue date notamment à Tahiti (F) et à Hawaii (USA) et nombre d'astronomes amateurs ne manqueront pas de s'y rendre puisque près de 6 heures d'observation devraient y être possibles. Des applications pour les smartphones sont déjà disponibles qui permettront d'échanger des photographies. La NASA, pour sa part, diffusera des images à partir de webcams.

Les transits de Vénus ne sont possibles qu'au début du mois de décembre ou début juin lorsque les noeuds orbitaux de la planète se trouvent en face du Soleil par rapport à la Terre. Si la deuxième planète du système solaire atteint la conjonction inférieure à ce moment-là, alors il y a un transit. Ces derniers reviennent avec des intervalles de 8 et 121,5 et 8 et 105,5 ans. Le prochains auront donc lieu en en 2117 et 2125.

Le transit n'est pas seulement un événement rare, c'est aussi un événement astronométriquement de première importance, du moins historiquement. C'est l'astronome anglais Edmund Halley (1656-1742) qui le premier se rendit compte que le transit pouvait être utilisé pour mesurer la distance de la Terre au Soleil et prendre ainsi la mesure des dimensions du système solaire en utilisant les lois établies par Kepler (1571-1630). Malheureusement, sa méthode ne peut pas être exacte en raison de la perturbation introduite par la diffraction atmosphérique dans la mesure du moment du contact entre les bords des deux disques. Néanmoins, les expéditions d'observation du XVIIIe siècle ont pu donner aux astronomes des valeurs de distance proches des quelque 150 millions de km mesurés par la suite.

Première de la série, la planète Mercure peut également "transiter" par le Soleil. Comme elle tourne plus rapidement, elle fournit 13 ou 14 transits par siècle, non loin du 8 mai et du 10 novembre. En novembre, Mercure est à son périhélie - son point le plus éloigné du Soleil - et son disque est alors minuscule avec 10 secondes d'arc, donc d'un diamètre apparent près de 200 fois inférieur à celui du Soleil. Elle n'est guère plus grande en mai avec 12 seconde d'arc. Le phénomène est pratiquement invisible sans instrument alors qu'un transit de Vénus peut être vu à l'oeil nu - à travers un filtre, bien évidemment.

Le moyen le plus sûr et le plus confortable n'est pas de regarder directement le soleil mais bien de projeter son image à travers une lunette ou des jumelles vers une carton blanc. Instrument pédagogique, le "solarscope", sorte de cube ouvert par-derrière, en carton, est le plus simple et le plus aisé à manier. Une lentille convergente, dans un petit tube, envoie l'image du Soleil sur un miroir divergent situé au fond du carton. Le miroir renvoie alors l'image du Soleil, fortement agrandie, vers la face interne blanche de la paroi frontale. La vision est donc indirecte et l'image est même facile à photographie.

Le phénomène peut aussi être regardé directement grâce à des filtres d'astronomie revêtus d'une couche de chrome - mais ils sont coûteux - des lunettes d'observation d'éclipse solaire ou des lunettes de soudeur de fort indice.

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