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Anthropologie: l'harmonie, l'égalité et les traditions humaines se sont construites autour d'un feu de camp

Les soirées prolongées autour d'un feu de camp ont permis à nos ancêtres lointains de développer leurs activités sociales, de renforcer leurs liens et leurs traditions. C'est la conclusion d'une anthropologue qui a étudié des Bushmen africains pendant plusieurs années.

23 sept. 2014, 12:00
C'est en étudiant les Bushmen du Kalahari que l'anthropologue a compris le rôle du feu.

Les histoires racontées le soir autour d'un feu de camp auraient aidé les cultures humaines au cours du temps à renforcer les traditions et à promouvoir l'harmonie et l'égalité du groupe. C'est ce qu'affirme une étude américaine sur les Bushmen du Kalahari en Afrique.

Jusqu'alors, les chercheurs s'étaient penchés sur l'impact de la cuisine sur le régime alimentaire et l'anatomie. Mais "on savait peu de choses sur l'importance de prolonger la journée grâce au feu", une technique que les ancêtres des humains ont commencé à maîtriser il y a un million d'années pour l'utiliser régulièrement depuis 400'000 ans, explique Polly Wiessner, professeure d'anthropologie à l'Université d'Utah et auteur de cette recherche publiée dans les Comptes rendus de l'Académie américaine des Sciences (PNAS).

Ainsi, le feu n'a pas seulement servi à cuire la nourriture et à effrayer les prédateurs, mais il a aussi permis d'avoir des activités sociales après la tombée de la nuit, qui ne perturbaient pas les travaux de subsistance de la journée.

Cette anthropologue a comparé 174 conversations au cours d'une période de 30 ans tenues de jour et durant des veillées autour d'un feu entre au moins cinq personnes, complétées par 68 textes de traduction.

Chasse et commérages

Elle a constaté que les conversations diurnes se concentraient surtout sur les activités économiques, en l'occurrence la chasse et les commérages. En revanche, les activités nocturnes, dégagées des tensions de la journée, étaient surtout consacrées au chant, à la danse, aux cérémonies religieuses et aux histoires captivantes racontées souvent à propos de personnes connues.

Les conversations autour du feu portaient ainsi sur des communautés imaginaires composées de personnes vivant loin de ce groupe de Bushmen, ainsi que sur le monde des esprits. Ces échanges transmettaient aussi des informations quant aux pratiques culturelles et aux normes sociales encourageant la coopération dans des domaines étendus.

Compréhension des autres

Selon cette chercheuse, les heures passées autour du feu de camp pourraient ainsi avoir contribué au développement des capacités cognitives humaines pour transmettre aux autres des pratiques culturelles, la compréhension d'autrui et étendre la coopération bien au-delà des limites du campement.

"Des soirées autour d'un feu sont universellement des moments pour former des liens, transmettre des informations sur le groupe, pour se distraire et partager beaucoup d'émotions", relève-t-elle.

"On ne peut pas dire grand chose sur le passé des Bushmen, mais ces gens vivent de chasse et de cueillette depuis la nuit des temps, ce qui représente aussi 99% de l'évolution de toute l'humanité", explique encore Polly Wiessner.

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