Un court séjour en EMS est proposé dans l’esprit du maintien à domicile avec un retour à la maison. Il ne s’agit ni d’une «zone d’attente» pour une place de long séjour en EMS, ni d’un centre de rééducation.

Structure de soins dédiée aux personnes qui ne sont pas en capacité de rester seules, elle répond à une grande diversité de situations anticipées ou imprévues: vacances ou maladie du proche aidant, travaux d’aménagement du domicile, convalescence ou urgence. Quelle que soit la raison de la demande l’objectif est identique: préparer le retour à domicile.

Soulager les proches aidants

Le court séjour est prescrit par le médecin traitant, généraliste ou spécialiste. Tout comme le CMS, ils sont en première ligne pour en constater la nécessité. Médecin interniste et gériatre au cabinet médical d’Echichens, Stefanos Karathanasis observe que certains proches aidants sont capables d’exprimer leur épuisement, d’autre pas.

En consultation, les personnes âgées viennent souvent en couple et il peut spontanément présenter cette option, «lorsque le proche aidant est en situation d’épuisement et s’oublie au point de ne pas se soigner alors même qu’il en a besoin, cela arrive par exemple dans les couples où les conjoints ont le même âge». En général la proposition est bien accueillie par le patient et son proche.

Nous respectons leurs petites habitudes, que ce soit un petit verre de whisky le soir ou un bol d’eau chaude le matin.

Valérie Genoud, Fondation Silo

Le spécialiste souligne «la nécessité de proposer de manière délicate aux proches de les aider dans cette mission de soutien sans paraître intrusif, le côté humain est très important». L’objectif est d’essayer de prévenir l’épuisement et d’anticiper avant que la situation se transforme en crise.

Ne pas bousculer les habitudes

La Fondation Silo à Echichens est le principal réservoir de la Côte en lits de court séjour avec trente places disponibles.

Pour remplir à bien la mission de l’EMS dans ce cadre très précis, l’équipe pluridisciplinaire médicale et socioculturelle doit relever le défi de la rotation des bénéficiaires. Leur situation médicale doit être stable mais leurs profils et besoins en soins présentent un tableau très hétérogène. Toutes et tous doivent rentrer à leur domicile dans la meilleure condition physique et psychique possible.

Valérie Genoud, membre de la direction de la fondation, parle «d’une douce alchimie qui permet à chaque résident de passer un bon séjour avec les soins, l’accompagnement, le repos, les activités physiques et socioculturelles adaptées».

Cet intermède ne doit pas sonner comme une rupture avec la vie à domicile et cela n’a rien de théorique: «Nous respectons leurs petites habitudes, que ce soit un petit verre de whisky le soir ou un bol d’eau chaude le matin», affirme Valérie Genoud.

480

Nombre d’entrées et sorties par an

En court séjour de 18 jours en moyenne à l’EMS Silo

Plus encore, souligne Jean-François Pasche, directeur de Silo, «pour assurer la fluidité du retour à la maison, nous prenons soin de l’ensemble du réseau qui intervient dans leur vie quotidienne et englobe selon les situations, les proches, le CMS, les bénévoles ou encore le centre d'accueil temporaire (CAT)».

Un séjour financé en partie par le Canton

A Saint-Prex, le Bureau régional d’information et d’orientation (BRIO) du Réseau santé la Côte, organise la gestion du court séjour en EMS. Les places s’élèvent à 37 lits pour toute la région dont quelques-uns réservés aux cas urgents.

Lorsque la demande dépasse l’offre, une collaboration entre réseaux santé du canton est activée. Corinne Trento, infirmière de coordination au BRIO, reçoit et oriente des demandes qui émanent en majorité des proches, parfois des personnes elles-mêmes qui souhaitent en bénéficier, ainsi que des intervenants des soins à domicile, des médecins traitants et des hôpitaux.

Pour les personnes au bénéfice des prestations complémentaires, le court séjour est financé en partie par le Canton pour une durée continue ou fractionnée de 30 jours par an, à hauteur de 50% du coût journalier qui s’élève à 60 francs. Lorsque le séjour doit être prolongé, il est toujours possible d’entrer en matière avec le Canton.

Le court séjour en EMS, une ressource méconnue

Un séjour temporaire en EMS représente une option à ne pas négliger pour offrir un répit au proche aidant ou répondre à des situations d’urgence.