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Les ados en prison sont en mauvaise santé, surtout les filles

Deux études menées à Genève montrent que les ados incarcérés sont en mauvaise santé physique et psychique.

18 mai 2012, 07:58
De nombreux adolescents incarcérés cumulent troubles physiques et mentaux.

Les ados emprisonnés sont en mauvaise santé physique et psychique. Deux études menées à la prison pour mineurs de la Clairière à Genève montrent que les jeunes filles constituent une population particulièrement vulnérable.

L'équipe de Dagmar Haller, du Département de médecine communautaire, de premier recours et des urgences des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), s'est penchée sur un collectif de 314 adolescents de 11 à 19 ans - dont 18% de jeunes filles - emprisonnés en 2007. Sur ce total, 195 ont bénéficié d'une visite médicale par un médecin de premier recours.

Résultats: 80% de ces derniers - 78% des garçons et 89% des filles - souffraient d'au moins un problème physique et 60% d'un trouble mental, 50% des garçons et 75% des filles. En outre, les deux tiers abusent de substances légales ou illégales, tabac (65%), cannabis (31%) et alcool (26%). L'usage d'autres drogues (héroïne, cocaïne ou benzodiazépines) était très rare, contrairement à ce qui se passe chez les détenus adultes.

Au niveau physique, les problèmes de peau étaient les plus fréquents (50%), devant les troubles respiratoires (24%). Une jeune fille sur quatre (24%) souffrait de problèmes gynécologiques comme l'absence de règles, 13% de maladies sexuellement transmissibles (chlamydia) et 9% étaient enceintes. Les automutilations, liées à des troubles psychiques, étaient également fréquentes (24%) chez les filles.

Soins dentaires

En outre, 10% des jeunes ont nécessité des soins pour un problème dentaire aigu, selon ces travaux publiés dans la revue "Acta Paediatrica". Enfin, de nombreux adolescents cumulaient troubles physiques et mentaux, soit 55% des garçons et 76% des filles.

Cette étude parue en 2010 était la première à détailler les soins médicaux de premier recours requis par des adolescents dans un centre de détention juvénile en Europe. Ses résultats, "typiques d'une population sous-desservie, montrent l'importance de développer l'accès de ces jeunes à des services de médecine générale durant leur détention", a estimé Mme Haller, interrogée par l'ats.

Volet psychique

Dans une seconde étude, l'équipe d'Ariel Eytan, du Département de santé mentale et de psychiatrie des HUG, s'est penchée plus particulièrement sur le volet psychique, épluchant les données des adolescents envoyés chez le psychiatre par le généraliste (118 sur 195).

Neuf sur dix (88%) présentaient au moins un diagnostic psychiatrique, ce qui tend à démontrer que le dépistage par le généraliste fonctionne. La moitié des jeunes (50%) affichaient deux diagnostics et un quart (24%) au moins trois, selon ces travaux qui viennent d'être publiés par le "Journal of Forensic and Legal Medicine".

Les troubles du comportement étaient les plus fréquents (42%), devant l'abus de substances (35%), les troubles de la personnalité (27%), l'abus d'alcool aigu (19%) et la réaction aiguë au stress (18%).

Cette deuxième étude confirme que les jeunes filles, très minoritaires dans le centre, sont encore plus touchées par les problèmes psychiques. Leur part dans ce groupe s'est accrue à 28% et toutes présentaient un trouble quelconque, sans exception.

Premier rendez-vous

Dans leurs conclusions, les chercheurs s'inquiètent en particulier du taux élevé de tabagisme, trois fois supérieur à celui des jeunes Suisses de 16 à 20 ans. "Cette habitude débutée précocement pèsera sur leur santé durant toute leur vie adulte", souligne le Dr Eytan. Il a également été constaté que plus de la moitié de ceux qui abusaient de l'alcool abusaient également du cannabis.

Un autre défi est de détecter ceux dont la santé psychique est incompatible avec la détention. Les chercheurs soulignent que pour beaucoup de ces jeunes le service médical de la prison est le premier contact avec des professionnels de la santé. Il s'agit donc de ne pas rater ce rendez-vous si l'on veut aider ces adolescents à se réinsérer dans la communauté.

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