Colère, désespoir ou éruption amoureuse, les sentiments forts s'expriment toujours dans sa langue maternelle. La seule qui permet sensualité ou violence. Pour une majorité de Suissesses et de Suisses, ce langage émotif est un dialecte. La Bibliothèque nationale suisse, à Berne, tente de montrer l'invisible avec son exposition "Sacredouble! Patois de Suisse". Sapperlot! Sacarlòtu! ou Sapperlottas! pour les Romanches ponctuent ce voyage coloré dans nos vallées les plus reculées.
Du plafond de la salle d'exposition, treize installations sonores donnent à entendre des enregistrements de différents dialectes ou patois. On peut y écouter des dialectes disparus, comme le yiddisch du Surbtal, dans le canton d'Argovie. Mais la bibliothèque nationale et les Archives des phonogrammes de l'Université de Zurich ne misent pas sur la nostalgie. Car on y entend aussi des voix très contemporaines, comme les mots de "slang" de la jeunesse multiculturelle zurichoise ou le "doux" dialecte argovien de Doris Leuthard....