Alors que la loi sur les produits tabac va être prochainement examinée par le Parlement, des organisations de prévention demandent l'interdiction généralisée de la publicité. Le marketing vise effet surtout les jeunes, selon le principe "Les teenagers d'aujourd'hui sont les clients potentiels de demain".
Le projet de loi qui sera débattu prévoit un compromis entre l'industrie du tabac et la prévention. S'il contient un certain nombre de restrictions en matière de réclame ou de distribution gratuite d'échantillons, il autorise toujours le parrainage de festivals et la liberté d'afficher dans les points de vente.
Or les interdictions partielles ont pour effet que l'industrie du tabac concentre ses investissements là où la publicité et la promotion sont encore autorisées. Seule une interdiction totale de promotion et de sponsoring a pour effet de diminuer la consommation, ont répété mardi à Berne plusieurs organisations de prévention de la santé et de protection de la Jeunesse.
Cigarettes à côté des bonbons
Des données collectées en Suisse romande entre mai 2013 et juin 2014 montrent que les kiosques sont les lieux de prédilection de la pub pour le tabac.
"Dans 39% des points de vente observés, la publicité du tabac, ou carrément des produits du tabac, se trouvaient à côté des sucreries. Et 35% de la publicité se trouvait à la hauteur des yeux des enfants, soit à 1,20 mètre ou plus bas", selon Thomas Beutler, collaborateur scientifique auprès de l'Association suisse pour la prévention du tabagisme.
Dans la presse écrite, la publicité du tabac se trouve principalement dans les pages que les jeunes apprécient: à la page "People" de "20 Minutes", on observe régulièrement des publicités pour cigarettes. Le sponsoring des festivals open air est aussi attrayant pour l’industrie du tabac. Les marques de cigarettes y sont omniprésentes par des actions de vente, des gadgets et des plates-formes.
Six sur dix avant 18 ans
Pour les organisations présentes à Berne, cette incitation à commencer à fumer tôt est suivie d'effets concrets. Six fumeurs sur dix commencent avant l’âge de 18 ans. Les effets sont dévastateurs: "Les jeunes qui fument risquent de ne jamais atteindre leur pleine capacité pulmonaire", précise Sonja Bietenhard, directrice de la Ligue pulmonaire suisse.
La moitié des adultes qui fument régulièrement meurent prématurément à cause de maladies liées au tabac. La consommation de tabac est la principale cause de décès en Suisse avec quelque 9000 morts par an. Les fumeurs voient de surcroît leur espérance de vie baisser de 14 ans en moyenne. Enfin, les coûts pour l'assurance maladie se montent à 1,2 milliard de francs par an.