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Tiques: les cas d'encéphalites ont plus que doublé en 2013

Borréliose, encéphalite à tiques, ces maladies propagées par ces petites bestioles suceuses de sang sont en augmentation depuis plusieurs années en Suisse. Pour l'encéphalite, on a recensé 205 cas en 2013, contre 95 en 2012. L'hiver particulièrement doux qui s'achève fait craindre une explosion des cas pour 2014.

19 avr. 2014, 08:30
Les maladies liés aux tiques sont en augmentation en Suisse. L'hiver doux que l'on vient de traverser laisse présager une "belle" année pour ces arachnides.

Les suceurs de sang débarquent. L'hiver a été chaud et les tiques en ont profité pour se refaire une petite santé. Les beaux jours arrivent et elles ont faim. "Elles ne se nourrissent en fait que trois fois dans leur vie", précise d'emblée le Dr Nicolas Troillet, chef des maladies infectieuses de l'Institut central de l'Hôpital du Valais, "une tique vit en moyenne deux à trois saisons et elle ne se nourrit en fait que pour passer d'un état à l'autre." Ce qui nous donne en tout et pour tout deux repas par vie: de la larve à la nymphe et de la nymphe à l'adulte. "La femelle doit aussi manger pour pondre", ajoute le Dr Troillet.

Et quand elles doivent se nourrir, elles attendent dans leur sous-bois riches en herbes et en buissons en quête de victimes, hommes ou animaux. Leur donner quelques gouttes de notre sang ne nous tuera pas. Par contre, ce qu'ils transportent dans leur salive peut s'avérer extrêmement dangereux pour notre santé.

L'encéphalite à tiques

Les deux principales maladies qu'ils propagent sont l'encéphalite et la borréliose. La première est dûe à un virus, la seconde à une bactérie. Dans les deux cas, les statistiques explosent depuis une petite dizaine d'années. "On a eu un premier pic en 2006 et un second en 2013", note le Dr Troillet, "c'est difficile d'expliquer précisément ces variations. Le facteur climatique peut évidemment jouer un rôle. Et avec l'hiver doux qu'on a eu, on peut s'attendre à ce qu'il y ait plus de tiques cette année. Et surtout, ils sont actif plus tôt."

L'encéphalite doit obligatoirement être déclarée par les médecins à l'Office fédéral de la santé publique (OFSP).On dispose donc de chiffres précis et ils sont plutôt inquiétants: 95 cas avérés en 2012, 205 en 2013. Sur les dix dernières années, le record remonte à 2006, avec 243 cas. La déclaration est obligatoire, mais il est fortement probable que le nombre de cas réels soit plus élevé encore. 

Les symptômes? Un peu comme une grippe, avec fièvre, douleurs articulaires, fatigue et maux de tête. Puis, chez 5 à 15% des personnes infectées, une inflammation des méninges qui peut atteindre le cerveau. Et là, ça se complique sérieusement, avec des troubles de la parole, de la marche, des problèmes de concentration...Les formes les plus graves causent des paralysies, parfois des comas. Dans 1 à 3% des cas, l'encéphalite peut être mortelle!

Il n'y a pas de traitement. On atténue les symptômes. Seul le vaccin est efficace. Il est recommandé par l'OFSP dans les zones à risques (lire ci-dessous), pour les adultes et les enfants dès 6 ans. Pour ceux qui ont l'habitude de jouer en forêt dans ces mêmes zones à risque, on peut vacciner dès l'âge d'un an. "Le vaccin est efficace et bien toléré", assure le Dr Nicolas Troillet, "en Autriche, par exemple, qui était très touchée par l'encéphalite, des campagnes généralisées ont été menées. Ce n'est pas le cas chez nous pour le moment. C'est une discussion qui doit avoir lieu entre le médecin et le patient." Le vaccin se prend en trois fois, sur une durée de 6 à 9 mois. Il est donc conseillé de commencer durant l'hiver, histoire d'être protégé quand les beaux jours arrivent.

La borréliose de Lyme

En ce qui concerne la borréliose, qu'on appelle aussi la maladie de Lyme, les chiffres ne sont pas officiels. La Ligue suisse des personnes atteintes de maladies à tiques se base sur les données allemandes pour estimer à 40 ou 45'000 le nombre de personnes souffrant de maladies chroniques liées à la borréliose. L'OFSP est plus prudente. Il publie des statistiques de cas estimés. Mais, ici aussi, on constate une augmentation très sensible. De 200 en 2010, les consultations sont passées à 700 en 2013 et, pour le seul premier trimestre 2014, on en recense déjà 800! "La bactérie se transmet plus facilement, il y a un plus grand pourcentage de tiques infectées", rappelle le Dr Troillet, "il est impossible de déterminer des zones à risques, on peut attraper la maladie de Lyme partout où on trouve des tiques."

Les symptômes apparaissent rapidement: une grosse rougeur autour de la piqûre qui disparaît en quelques jours. Dans la seconde phase, qui peut intervenir plusieurs mois, voire plusieurs années après, les articulations, le système nerveux, la peau et même le coeur peuvent être touchés. Si elle est diagnostiquée à temps, la borréliose peut être traitée aux antibiotiques. Dans le cas contraire, des lésions peuvent rester à vie.

Certaines mesures de prévention sont utiles, comme porter des habits couvrants et fermés dans les sous-bois ou utiliser des insecticides pour les vêtements et des répulsifs pour la peau. Après une sortie dans un sous-bois, il faut examiner son corps et ses habits. Les animaux domestiques doivent aussi être débarrassés de leurs tiques. En cas de piqûre, il faut arracher l'arachnide avec une pincette et désinfecter la plaie. Dès que des symptômes apparaissent, une consultation chez un médecin est nécessaire.

 

 

Des zones à risque

Tous les Suisses ne sont pas égaux devant les tiques. En tout cas pas devant ceux qui sont infectés par ces maladies. Ils se concentrent sur certaines zones que l'OFSP qualifie de zones d'endémie. La carte est mise à jour régulièrement avec les données fournies par les cantons et les biologistes. En Valais, la région de Sierre-Salgesch-Loèche, ainsi que, la plaine haut-valaisanne de Rarogne à Brigue sont concernées. "On a découvert les premiers cas en 2009", rappelle le Dr Nicolas Troillet, "depuis la zone à tendance à s'étendre vers le Haut-Valais. Si on sait comment le virus se propage de tique à tique, c'est difficile d'expliquer comment il est arrivé là."

Dans le canton de Vaud, ça se concentre dans deux régions: au nord du canton autour d'Orbe, Vallorbe et Sainte-Croix, ainsi que dans le centre, sur les communes de Pampigny, Apples, Montricher, Mollens, Ballens, Berolle et Mauraz.

Dans la région de Neuchâtel, c'est la rive sud du lac, soit l'extrême nord des cantons de Fribourg et de Berne qui est la plus touchée. La zone s'étend de la commune de Châbles (FR), à l'ouest, à Kappelen (BE) à l'est. Dans le canton de Neuchâtel, une zone autour de St-Imier et Corgémont est concernée. Enfin, le Jura bernois est aussi à risque, du côté de Moutier et Corcelles.

A noter enfin que l'OFSP ne recense aucun cas de tiques infectées au-dessus de 1'000 mètres d'altitude.

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