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L'horlogerie suisse n'est pas déstabilisée par l'Apple Watch

Nick Hayek en tête, l'industrie horlogère suisse ne tremble pas devant l'annonce tonitruante de l'arrivée, en 2015, de la montre connectée d'Apple.

10 sept. 2014, 16:49
L'Apple Watch de Tim Cook ne fat pas peur à Nick Hayek. C'est davantage la pression du franc qui l'inquiète.

L'industrie horlogère suisse ne se laisse pas déstabiliser au lendemain de la présentation de l'Apple Watch, la montre connectée du géant à la pomme. L'action de Swatch Group se trouvait, elle, sous pression mercredi à la Bourse suisse après le lever de voile en Californie.

"Nous ne sommes pas nerveux. Nous ne vivons pas à l'heure de Cupertino", a réagi mercredi dans le "Tages-Anzeiger" Nick Hayek, le patron de Swatch Group, venu parler du projet de centre commercial "Circle" à l'aéroport de Zurich. Le titre du numéro un mondial de l'horlogerie perdait plus de 2% sur fond d'indice SMI dans le rouge.

La pression sur l'industrie horlogère suisse vient du franc et non des développements dans les montres intelligentes, a martelé M. Hayek. Ceux qui en fabriquent - Apple, Samsung, LG Electronics, Sony - ont en revanche de quoi s'affoler.

Les innovations aident à ouvrir de nouveaux marchés et à y accéder, estimait encore jeudi dernier M. Hayek dans "L'Hebdo". L’arrivée de nouvelles fonctions convaincra toujours plus de gens à porter quelque chose au poignet. "C'est cela le vrai enjeu. Il y a encore tellement de poignets à conquérir!"

Alliances possibles

La "smartwatch" ne plongera pas l'industrie horlogère suisse dans une nouvelle crise, prédit Jean-Claude Biver, président de Hublot, dans la "Aargauer Zeitung". Les télécommunications ne sont pas son métier, mais la branche n'a pas raté une opportunité. Et d'évoquer, à l'avenir, des alliances possibles avec des géants technologiques.

Quant à l'Apple Watch, M. Biver prévoit d'en acheter une. Mais il parie qu'elle deviendra obsolète d'ici deux ans, vu la rapidité des progrès technologiques. Les horlogers helvétiques en profiteront, car "la montre suisse est un morceau d'éternité", clame l'entrepreneur.

Chacun son analyse

"Notre politique est de ne pas commenter un produit", déclare Jean-Daniel Pasche à l'ats. Pour le président de la Fédération de l'industrie horlogère suisse (FH), "chaque entreprise fera son analyse selon son positionnement".

Face aux garde-temps intelligents, les fabricants du pays sont d'ailleurs déjà en situation de complémentarité, relativise M. Pasche. Ou de concurrence. Le patron de la FH ne fait aucune projection quant aux marchés d'exportation clés. "On ne sait pas comment l'Apple Watch y sera reçue".

Concurrence sérieuse

"Dans l'ensemble, nous voyons cette nouvelle concurrence d'Apple comme sérieuse", commente un analyste de J. Safra Sarasin dans une note publiée mercredi. "Mais pas aussi déstabilisante que redouté pour l'industrie horlogère traditionnelle et son plus gros producteur, Swatch Group", juge-t-il.

Déclinée en trois collections, dont une version en or jaune ou rose 18 carats, l'Apple Watch doit être commercialisée début 2015. Elle offre, entre autres fonctionnalités, la messagerie, la mesure du rythme cardiaque ou même des calories consommées. Le prix d'entrée annoncé est de 349 dollars (326 francs).

Pour le spécialiste de J. Safra Sarasin, les gammes en dessous de 1000 francs - Swatch, Tissot, Certina ou Mido - pourraient s'en trouver affectées. Un segment qui, selon les estimations, contribue à environ 20% du résultat opérationnel EBIT de Swatch Group.

A l'échelle suisse, le créneau menacé représente tout de même 13% de la valeur de la production helvétique, selon un analyste de Vontobel. La nouvelle venue requiert une connexion à un iPhone 5 ou 6. Elle a donc déjà un potentiel de quelque 200 millions de clients.

Le Japon pour cible

"Apple ne réinvente pas la montre", analyse sur les ondes de la RTS Pierre-Yves Donzé, professeur à l'Université de Kyoto et spécialiste de l'histoire de l'horlogerie. "La force de frappe réside dans le marketing et le développement de produits qui créent leur propre marché".

Sur le terrain du haut de gamme helvétique, l'impact de la montre connectée à la pomme pourrait être double, selon le professeur. D'une part, prendre des parts de marché, mais aussi l'élargir, en touchant ceux qui ne portent pas de montres, comme les jeunes.

Vu de Suisse, le prix d'entrée fait de l'Apple Watch "une montre bon marché", relève M. Donzé. Selon lui, la principale cible sera plutôt nippone qu'helvétique. "On est exactement dans ce que font les Japonais, des montres-gadgets à quelques centaines de francs".

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