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La culture de l’huile de palme pourrait être durable, selon l’EPFL

Très controversée, la culture de l’huile de palme pourrait être moins nocive pour l’environnement et même devenir, par exemple, une alternative à la déforestation en Colombie, démontre une étude de l’EPFL et de l’Institut fédéral de recherches WSL.

20 nov. 2019, 20:28
En Indonésie, le bilan carbone et la perte de biodiversité de la déforestation causés par la culture de l'huile palme posent de gros problèmes.

La culture de l’huile de palme pourrait être moins nocive pour l’environnement. Une étude de l’EPFL et de l’Institut fédéral de recherches WSL montre qu’une alternative est possible pour ce secteur décrié pour son bilan carbone et son impact sur la biodiversité.

Les chercheurs ont mené leur étude en Colombie, où ils ont évalué des alternatives à la déforestation causée par la culture de l’huile de palme. Se basant sur des plantations de 56 ans d’âge dans la région de Los Llanos, ils ont remarqué que la transformation de pâturages pour y mettre des palmiers à huile présentait un bilan carbone neutre, relève l’étude publiée mercredi dans la revue Science Advances.

C’est la première fois que nous pouvons décrire les effets d’une telle production agricole sur le long terme.
Juan Carlos Quezada, doctorant de l’EPFL

Dans les climats tropicaux, les pâturages sont souvent dégradés avec des étendues d’herbe et quelques arbres épars. Du coup, en plantant densément des palmiers à huile, «une plus forte capture du CO2 se met en place pour la même surface grâce aux troncs, aux feuilles et à la végétation qui se développe autour d’eux», explique l’EPFL dans son communiqué.

Après 25 à 30 ans, lorsque les palmiers sont coupés et remplacés par d’autres, la décomposition des racines et d’autres matières végétales mortes va nourrir le sol et compenser partiellement les pertes initiales de carbone dans le sol après la conversion du pâturage. Sur deux cycles de culture, le niveau de carbone stocké dans l’écosystème reste ainsi inchangé par rapport au niveau qu’il avait avant la conversion du pâturage.

L’huile de palme, consommée avec modération, n’est pas mauvaise en soi pour la santé.
Alexandre Buttler, directeur de l’ECOS

«C’est la première fois que nous pouvons décrire les effets d’une telle production agricole sur le long terme après la conversion de pâturages sur la qualité et la fertilité des sols, en considérant non pas uniquement leur surface, mais aussi leur profondeur», note Juan Carlos Quezada, doctorant au Laboratoire des systèmes écologiques (ECOS) de l’EPFL, cité dans le communiqué.

Potentiel non exploité

Le directeur de l’ECOS, Alexandre Buttler, souligne, lui, que l’huile de palme, consommée avec modération, n’est pas mauvaise en soi pour la santé et qu’elle a aussi une valeur économique pour des centaines de petits exploitants. «C’est vraiment le bilan carbone et la perte de biodiversité de la déforestation qui posent problème», remarque-t-il.

Il ajoute que «les grands pays producteurs d’huile de palme (ndlr: Malaisie et l’Indonésie en tête) ont des réserves de pâturages dégradés qu’ils pourraient convertir favorablement pour limiter les pertes massives de carbone liées à la déforestation.»

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L’article paru dans Science Advances s’inscrit dans le projet de recherche interdisciplinaire sur la culture de l’huile de palme Oil Palm Adaptive Landscapes (OPAL), financé par le Fonds national suisse de la recherche scientifique. L’OPAL met en réseau des partenaires de Suisse, d’Indonésie, de Colombie et du Cameroun. Les universités locales, des instituts de recherche et le WWF sont parties prenantes du projet.

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