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Abus sexuels: le Vatican n'a pas pris toutes les mesures nécessaires

Dans l'affaire des enfants abusés sexuellement par des prêtres, le comité de l'ONU à Genève a estimé mercredi que le Vatican n'avait pas pris toutes les mesures nécessaires. Le Saint-Siège a "pris acte" des reproches à son égard sur les abus sexuels. Mais il a rejeté "une tentative d'ingérence" à propos des positions de l'Eglise sur l'avortement.

05 févr. 2014, 11:31
Le Vatican n'a pas pris les mesures nécessaires pour traiter des cas d'enfants abusés sexuellement par des prêtres et protéger les enfants, a affirmé mercredi à Genève le comité de l'ONU sur les droits des enfants.

Le Vatican n'a pas pris les mesures nécessaires pour traiter des cas d'enfants abusés sexuellement par des prêtres et protéger les enfants, a affirmé mercredi le comité de l'ONU sur les droits des enfants. Les experts dénoncent des pratiques qui ont permis la poursuite des abus et l'impunité des coupables.

Dans leurs recommandations à l'issue de l'examen du rapport du Vatican, le premier depuis 14 ans, les juristes de l'ONU critiquent le fait qu'"en traitant les allégations d'enfants abusés sexuellement, le Vatican a continuellement placé la réputation de l'Eglise et la protection des coupables au-dessus des intérêts des enfants".

Le comité de l'ONU exprime "sa plus profonde préoccupation à propos des abus sexuels perpétrés contre des enfants par des membres de l'Eglise catholique sous l'autorité du Saint-Siège et de prêtres impliqués dans l'abus de dizaines de milliers d'enfants dans le monde".

En présentant à Genève les conclusions très sévères du comité devant la presse, sa présidente Kristen Sandberg a affirmé que le Vatican viole la Convention des droits de l'enfant. "Il y a une violation de la Convention jusqu'à maintenant parce qu'ils n'ont pas fait tout ce qu'ils auraient dû", a-t-elle affirmé en rappelant que l'application des dispositions de la Convention est obligatoire pour les pays qui l'ont ratifiée, y compris le Vatican.

Le Saint-Siège "prend acte"

Le Saint-Siège a "pris acte" des reproches de l'ONU à son égard sur les abus pédophiles. Il les examinera "avec attention", a affirmé le Vatican dans un communiqué, en assurant qu'il s'engage à défendre et protéger les enfants.

Il regrette en même temps "une tentative d'ingérence dans l'enseignement de l'Eglise sur la dignité de la personne et l'exercice de la liberté religieuse", en allusion aux critiques du comité sur ses positions contre l'avortement et la contraception.

Dans leurs conclusions, les 18 experts se déclarent gravement préoccupés par le fait que le Saint-Siège "n'a pas reconnu l'ampleur des crimes commis, n'a pas pris les mesures nécessaires pour traiter des cas d'enfants abusés sexuellement et a adopté des politiques et des pratiques qui ont conduit à la poursuite de ces abus et à l'impunité de leurs auteurs".

Code du silence

Les juristes dénoncent en particulier le fait que "des auteurs connus d'abus sexuels ont été transférés de paroisse en paroisse ou dans un autre pays dans le but de couvrir de tels crimes". Cette pratique a permis à beaucoup de prêtres de rester en contact avec des enfants et de continuer à les abuser, soulignent les experts.

La question "a été traitée de manière confidentielle et au travers de mesures disciplinaires qui ont permis à la vaste majorité des coupables d'échapper aux procédures judiciaires. En raison d'un code du silence imposé aux membres du clergé sous peine d'excommunication, les cas d'abus sexuels ont rarement été rapportés aux autorités judiciaires dans les pays où ces crimes ont été commis", selon le rapport de l'ONU.

Pour une enquête indépendante

Le comité fait toute une série de recommandations. Il demande au Vatican "de relever immédiatement de sa fonction toute personne suspectée d'abus sexuel et de déférer le cas aux autorités judiciaires compétentes à des fins d'enquête et de poursuites".

Le comité de l'ONU demande au Vatican de faire en sorte que la commission créée en décembre dernier "enquête de manière indépendante sur tous les cas d'abus sexuels et sur la conduite de la hiérarchie catholique dans le traitement de ces cas". Les résultats de l'enquête, associant la société civile, doivent être publiés.

Les archives du Vatican doivent être ouvertes dans le but de poursuivre les responsables d'abus ainsi que tous ceux qui ont dissimulé leurs crimes. La loi canonique doit être amendée pour faire de l'abus sexuel un crime et non "un délit contre la morale".

Le Vatican doit revoir entièrement son cadre législatif pour le mettre en adéquation avec la Convention. Il doit établir un mécanisme à un niveau élevé avec le mandat et la capacité de coordonner l'application des droits des enfants dans toute la hiérarchie catholique. Ce mécanisme doit pouvoir entendre les plaintes des enfants, tout en protégeant les victimes.

Avortement, contraception

Le rapport met aussi en cause la conduite discriminatoire de l'Eglise catholique envers les filles, critique la séparation d'enfants de leur famille "par le moyen de la manipulation psychologique", demande au Vatican de revoir sa position sur l'homosexualité et l'avortement. Il dénonce les conséquences négatives pour les adolescents du refus de l'accès à la contraception.

Les associations de défense des victimes ont salué le rapport de l'ONU. Barbara Blaine, présidente du réseau des victimes abusées par des prêtres (SNAP) , a demandé que les recommandations de l'ONU soient suivies par des actes.

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