Le militant zurichois de Greenpeace Marco Weber, qui attend son procès à Saint-Pétersbourg depuis sa libération le 22 novembre dernier, ne garde aucune rancune contre Moscou. "La Russie n'est pas mon ennemi", a déclaré le jeune homme de 28 ans.
Dans une interview accordée au portail en ligne "Tagesanzeiger.ch/Newsnet", Marco Weber se dit heureux que le Tribunal international du droit de la mer (TIDM) ait déclaré "illégal" l'arraisonnement du brise-glace de Greenpeace "Arctic Sunrise" le 18 septembre dernier, tout comme l'arrestation de son équipage.
Les dirigeants russes ont réagi à l'action des militants de Greenpeace "de la manière qu'ils considéraient comme juste", poursuit le jeune homme. "Même si je ne suis pas d'accord avec ce qui est arrivé, c'est leur droit". Maintenant, la Russie doit toutefois reconnaître le droit international et relaxer tout le monde, estime-t-il.
Conditions de détention difficiles
Le militant de Greenpeace décrit ses conditions de détention comme "difficiles" et affirme avoir passé deux "durs" mois en prison. "Le principal problème est que le droit des personnes n'est pas automatiquement respecté et qu'on doit se battre pour cela", explique-t-il.
Marco Weber décrit en outre le système judiciaire russe comme "ne laissant rien au hasard, tout en étant parfois imprévisible". "Nous n'avons pas de visa et donc pas de permis de séjour", explique-t-il. "Une autorisation spéciale nous permet toutefois de nous déplacer librement dans le pays, mais pas de quitter le territoire. Mes proches peuvent également venir me voir, mais ils doivent demander un visa".
Retour en Suisse
Marco Weber, qui entend continuer à faire partie de Greenpeace à l'avenir, a bien l'intention de se rendre à un éventuel procès. "J'ai agi pour la protection de l'Arctique, sans mettre en danger qui que ce soit. Je le ferai donc valoir devant le tribunal".
"Je pars du principe que si cette affaire devait encore durer, nous serons autorisés à rentrer à la maison". Selon lui, l'analyse du contenu du matériel informatique confisqué ne nécessite en effet pas leur présence sur place. "Les interrogatoires seront bientôt terminés, relève-t-il également.
Menace d'une lourde peine
Les 28 militants de Greenpeace, ainsi que deux journalistes, originaires de 18 différents pays, ont été détenus pendant plusieurs semaines à Mourmansk, au-delà du cercle polaire. Ils ont ensuite été transférés début novembre à Saint-Pétersbourg. Malgré leur libération sous caution, ils restent tous passibles d'une peine de sept ans d'emprisonnement.
Le brise-glace "Arctic Sunrise" avait été arraisonné le 19 septembre dernier en mer de Barents (Arctique russe) par un commando héliporté des gardes-côtes russes. Plusieurs activistes avaient tenté d'escalader une plate-forme pétrolière du géant énergétique Gazprom pour en dénoncer le risque écologique.
Cet objectif a été atteint, se réjouit Marco Weber. "Je pense que nous avons réussi à informer et sensibiliser l'opinion publique sur la situation en Arctique". "Cependant, l'Arctique n'est toujours pas protégé et il en faudra plus pour qu'il le soit à l'avenir".