Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Affaire Snowden: le compagnon d'un journaliste retenu neuf heures à Londres

L'arrestation du compagnon de Glenn Greenwald, journaliste auquel Edouard Snowden a confié des secrets du renseignement américain, a suscité de vives réactions. Les autorités étaient sous le feu des critiques lundi.

19 août 2013, 15:48
David Miranda (g) et son partenaire le journaliste Glenn Greenwald.

Les autorités britanniques ont détenu dimanche, pendant neuf heures à Londres, le compagnon du journaliste à l'origine de la publication de documents secrets obtenus par le fugitif américain Edward Snowden.

David Miranda, compagnon de Glenn Greenwald, journaliste au quotidien britannique "The Guardian", a été détenu à l'aéroport international de Heathrow en vertu de l'article 7 de la loi anti-terroriste datant de 2000. Selon le "Guardian", le jeune homme, de nationalité brésilienne et âgé de 28 ans, s'est vu confisqué ses équipements électroniques, dont son ordinateur et son téléphone portables, des clés USB, des DVD et des jeux vidéo.

Les autorités britanniques avaient "zéro soupçon" sur une implication éventuelle de David Miranda dans des activités terroristes, a insisté Glenn Greenwald, visiblement furieux, dans un article dans le "Guardian".

Accusés

David Miranda a uniquement été interrogé sur les activités de l'Agence nationale américaine de sécurité (NSA), pour laquelle travaillait Edward Snowden, a-t-il affirmé, estimant que les Britanniques avaient "totalement abusé de leur loi sur le terrorisme pour des raisons qui n'ont rien à voir avec le terrorisme".

Cette détention était "évidemment destinée à intimider ceux qui travaillent d'un point de vue journalistique sur la NSA et son équivalent britannique, le GCHQ", a-t-il encore jugé.

Mais "si les gouvernements américain et britannique pensent que cette stratégie va nous dissuader de continuer à couvrir de façon agressive ce que ces documents révèlent, ils se trompent. Cela aura seulement l'effet inverse: nous encourager à aller plus loin", a-t-il prévenu.

Il raconte qu'il a reçu dans la matinée un appel d'une personne se disant responsable de la sécurité à Heathrow, concernant son ami David Miranda. "Le responsable - qui a refusé de donner son nom, mais s'est identifié uniquement par son numéro: 203654 - a dit que David n'était pas autorisé à avoir l'assistance d'un avocat ni à me parler", poursuit-il.

Demande par l'opposition

Le ministère de l'Intérieur s'est refusé lundi à tout commentaire, mais les autorités britanniques étaient de plus en plus pressées de s'expliquer.

Cette détention est "extraordinaire", s'est indigné le président de la commission parlementaire britannique de l'Intérieur, Keith Vaz, qui va exiger des "explications" de la police. "Ils ont peut-être des arguments absolument raisonnables. Mais (...) si nous avons recours à la législation anti-terroriste de cette manière, pour des sujets qui ne sont pas relatifs au terrorisme, nous devons le savoir", a-t-il déclaré lundi sur la radio BBC.

Un autre député de l'opposition travailliste, Tom Watson, a lui jugé indispensable de connaître l'implication éventuelle du gouvernement dans cette arrestation.

De nombreux autres messages de protestation ont été diffusés sur Twitter, notamment par des célébrités comme l'acteur et réalisateur britannique Stephen Fry. "Nom de Dieu! Qu'est-ce que notre gouvernement est en train de faire?" a-t-il écrit sur son blog avec un lien avec l'article du "Guardian". 

Le Brésil veut des explications

Le Brésil a aussi vivement protesté contre cette rétention, jugeant "injustifiable d'impliquer un individu contre lequel ne pèse aucune charge pouvant justifier le recours à la législation" britannique anti-terroriste. Le "Guardian" s'est dit de son côté "consterné".

David Miranda a été détenu alors qu'il était en transit en provenance de Berlin et en partance pour le Brésil, où il réside avec son ami. Amnesty International voit pour sa part dans cette détention "illégale et inexcusable (...) une tactique de représailles".

Votre publicité ici avec IMPACT_medias