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Afghanistan: débuts encourageants d’une trêve historique

Alors qu’un accord historique pourrait être signé entre les Etats-Unis et les talibans, la trêve préalable est entrée en vigueur. Entre espoir et crainte de retour de flammes, les Afghans ont accueilli ce répit avec soulagement.

22 févr. 2020, 19:16
L'armée afghane (ici à un check-point dans la province d'Helmand), formée par les Américains, est destinée à reprendre le flambeau si la paix entre Etats-Unis et talibans est signée le 29 février.

La trêve partielle en Afghanistan semble avoir été respectée samedi, jour de son entrée en vigueur, malgré des attaques isolées. Celles-ci n’ont pas empêché des centaines de personnes de célébrer ce possible tournant historique dans un conflit vieux de 18 ans.

Cette trêve graduelle d’une semaine était censée s’appliquer depuis minuit, avant l’éventuelle signature d’un accord sans précédent entre les talibans et les Etats-Unis le 29 février, à condition qu’une baisse des attaques soit constatée sur tout le territoire afghan.

 

 

A Jalalabad, dans l’est de l’Afghanistan, des cyclistes en tenue de lycra avaient organisé une «Coupe de la paix», un événement difficilement imaginable dans une ville souvent visée par des attaques meurtrières.

«Nous nous sommes rassemblés pour marquer cette réduction de la violence», a expliqué Fazli Ahmdi Fazli, l’organisateur de cette course.

Malgré des incidents isolés depuis le début de la trêve – comme dans la province de Balkh (nord), où les insurgés ont tué deux soldats afghans selon un responsable local – le général Scott Miller, commandant des forces US et de l’Otan dans le pays, s’est dit confiant, lors d’une conférence de presse à Kaboul samedi.

«Les Américains sont en train de s’enfuir»

«C’est le premier matin où je peux sortir sans la peur d’être tué par une bombe ou une attaque suicide», a déclaré Habib Ullah, chauffeur de taxi à Kaboul. «J’espère que cela va continuer pour toujours».

Qais Haqjo, forgeron de 23 ans, était moins optimiste. «Je pense que les Américains sont en train de s’enfuir et d’ouvrir la voie pour que les talibans reviennent et gouvernent le pays», a-t-il dit dans son atelier dans la capitale afghane.

 

 

Cette trêve partielle, ou «réduction des violences», est censée démontrer la bonne volonté des insurgés islamistes avant la signature à la fin du mois d’un accord avec Washington, sur un retrait graduel des troupes américaines en échange notamment de garanties sécuritaires.

«C’est une période d’essai», a souligné le général Miller. «Nous avons un très bon mécanisme pour mesurer ce qui se passe dans chaque camp», a-t-il indiqué, tout en admettant que la communication entre les deux parties serait cruciale pour le bon déroulement de cette trêve partielle.

Prêts à riposter

«Nous avons stoppé nos opérations offensives sur le terrain», a ajouté le général Miller, tout en précisant que les forces américaines restaient prêtes à riposter en cas d’attaque.

Le ministre afghan de la Défense Assadullah Khalid a lui aussi confirmé lors de cette conférence de presse que toutes les opérations des forces afghanes étaient à l’arrêt, mais a mis en garde contre les risques de provocations.

Une divergence semble déjà poindre entre les protagonistes sur le contenu du futur accord. Un porte-parole taliban, Suhail Shaheen, a ainsi tweeté que l’accord verrait «toutes» les forces étrangères quitter l’Afghanistan, alors que Washington a annoncé vouloir réduire leur nombre à 8600 ou moins.

 

 

Les talibans ont été chassés du pouvoir en Afghanistan par une coalition internationale menée par les Etats-Unis après les attentats du 11 septembre 2001. Ils ont ensuite mené une guérilla incessante, qui a coûté la vie à des dizaines de milliers de membres des forces de sécurité afghanes et plus de 2400 soldats américains.

Selon la Mission d’assistance de l’ONU en Afghanistan (MANUA), 3404 civils ont été tués et 6989 blessés en 2019.

En cas de signature de l’accord, des discussions inter-afghanes doivent s’ouvrir. D’après une source talibane au Pakistan, ces pourparlers devraient démarrer «le 10 mars».

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