Près de 40 personnes ont été tuées mercredi dans une attaque contre le principal hôpital militaire d'Afghanistan, au coeur de la capitale Kaboul. L'établissement a été pris d'assaut par un commando d'insurgés islamistes déguisés en médecins. L'attentat a été revendiqué par l'Etat islamique (EI).
Ce n'est que six heures après le début de l'assaut, en milieu d'après-midi, que les forces spéciales afghanes, déposées par hélicoptère sur le toit de l'établissement, ont pu mettre fin au cauchemar des soignants et des patients.
Selon le porte-parole du ministère de la Défense, le général Daud Waziri, la plupart des victimes, dont plus d'une cinquantaine de blessés, étaient "des patients, des médecins et des infirmiers". Le général a fait état "d'au moins 30 morts". Mais l'hôpital de l'ONG italienne Emergency, spécialisé en chirurgie de guerre et qui n'est pas le plus proche du site attaqué, a dénombré à lui seul "38 morts et 70 blessés".
Le groupe EI a revendiqué sur la messagerie cryptée Telegram cette opération. De leur côté, les talibans afghans ont démenti toute implication sur Twitter. Mais des sources au sein des services de sécurité ont indiqué être sceptiques autant sur ce démenti que sur la revendication de l'EI. Selon le général Waziri, les assaillants étaient "armés de (fusils d'assaut) AK-47 et de grenades".
Selon le ministère de la Défense, "tous les patients ont été évacués" ou au moins mis à l'abri.
#KABUL- Security forces have blocked the roads close to military hospital and ambulances are seen at the area. pic.twitter.com/jWhfqeW1UZ
— TOLOnews (@TOLOnews) 8 mars 2017
A l'arme automatique
Pris sous le feu de quatre assaillants, tous tués par les forces de l'ordre, l'hôpital de 400 lits et ses occupants ont vécu une journée de terreur, dans la fureur et le bruit des détonations et tirs d'armes automatiques qui ont laissé des salles de soins dévastées et noyées de sang.
Vers 9 heures a retenti la première explosion, déclenchée par un kamikaze à l'entrée arrière de l'établissement, qui a ouvert la voie au commando. Les télévisions ont montré des civils, certains en blouse blanche, réfugiés sur le toit du bâtiment, d'autres cherchant à se mettre à l'abri dans les coursives et sur les rebords extérieurs des fenêtres.
De nombreux tirs, explosions et sirènes d'ambulances ont retenti jusqu'à la mi-journée. Une déflagration au moins provenait d'une voiture piégée qui a explosé sans faire de victimes sur le parking de l'hôpital, selon le porte-parole de la Défense.
Quelques minutes après le début de l'attaque, un médecin avait exprimé sa détresse en direct sur Facebook: "Les assaillants sont entrés dans l'hôpital, priez pour nous". L'hôpital Sardar Daud Khan est connu pour soigner tous les blessés de guerre, des forces de l'ordre afghanes comme des insurgés.
Le président afghan, Ashraf Ghani, a interrompu un discours qu'il prononçait à l'occasion de la Journée internationale de la femme, pour dire qu'"Une attaque terroriste est en cours dans un hôpital, attaque qui foule aux pieds toutes les valeurs humaines".
#Kabul - Footage shows security forces at hospital attack scene. #Afghanistan pic.twitter.com/w5SohGfFUq
— TOLOnews (@TOLOnews) 8 mars 2017
Nombreuses condamnations
Les condamnations ont afflué de toutes parts, des Nations unies, de l'ambassade américaine à Kaboul ou encore l'ONG MSF, dont un hôpital a été dévasté par une frappe américaine en octobre 2015 et qui évoque une grave "violation du droit international".
Le chef de l'exécutif afghan, Abdullah Abdullah, a promis de "ne jamais pardonner à ces criminels" . Le président afghan, Ashraf Ghani, a interrompu un discours qu'il prononçait à l'occasion de la Journée internationale de la femme, pour dire qu'"une attaque terroriste est en cours dans un hôpital, attaque qui foule aux pieds toutes les valeurs humaines".
"Dans toutes les religions, un hôpital est considéré comme un lieu à l'abri de toute attaque, et s'en prendre à lui, c'est s'en prendre à l'ensemble de l'Afghanistan", a-t-il ajouté.
Ambassades en état d'alerte
Cette opération intervient une semaine après une double attaque-suicide revendiquée par les talibans, le 1er mars, contre deux enceintes des services de sécurité à Kaboul, police et renseignements (NDS). Elles avaient fait officiellement 16 morts et plus d'une centaine de blessés.
Mardi soir, deux tirs de roquette ont visé la même zone, près de l'ambassade des Etats-Unis à Kaboul, selon des sources occidentales. Les ambassades occidentales situées dans le quartier résidentiel de Wazir Akhbar Khan, à quelques centaines de mètres de l'hôpital attaqué, étaient placées en état d'alerte mercredi.