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Violences chez Air France: six salariés placés en garde à vue

Suite aux violences qui ont perturbé un Comité central d'entreprise (CEE) d'Air France la semaine dernière, six salariés ont été placés en garde à vue.

12 oct. 2015, 08:51
/ Màj. le 12 oct. 2015 à 14:38
Quatre salariés ont été interpellés lundi matin.

Une semaine après les violences spectaculaires à Air France, six salariés de la compagnie ont été placés en garde à vue lundi, provoquant de nombreuses réactions à gauche et chez les syndicats, qui dénoncent la "criminalisation" du personnel.

Quatre salariés de la branche Cargo et d'Air France Industries ont été arrêtés "sans incident" vers 06h00 à leur domicile, puis un cinquième plus tard, a-t-on appris auprès du parquet de Bobigny et de sources policières.

Selon le parquet, une sixième personne a été "placée en garde à vue dans la matinée". La garde à vue d'un des six salariés a été levée en fin de journée. D'après une source proche du dossier, certains ont un mandat syndical à la CGT.

"On tente de criminaliser l'action syndicale et les salariés", a réagi Miguel Fortea, secrétaire général de la CGT Air France, à l'occasion d'un rassemblement de soutien qui a réuni quelque 150 personnes à Roissy.

Aux côtés de personnalités du Front de gauche, de la LCR et de LO notamment, le numéro un du PCF, Pierre Laurent, a dénoncé des méthodes d'"intimidation" qui sont "indignes de la République".

Clémentine Autain (Ensemble) a regretté la "criminalisation de l'action syndicale des salariés", en déplorant une "incompréhension de la colère sociale" et une "victimisation du patronat".

Duflot et Mélenchon

Plus tôt, l'ancienne ministre écologiste Cécile Duflot (EELV) a fustigé sur Twitter des gardes à vue faites "pour humilier". Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) a évoqué un "jour de deuil", alors que des salariés sont "arrêtés pour fait de lutte".

Plusieurs centaines de salariés avaient fait irruption le 5 octobre dans la salle du comité central d'entreprise (CCE) de la compagnie à Roissy, consacré à un plan de restructuration menaçant 2900 postes.

Le directeur des ressources humaines, Xavier Broseta, s'était retrouvé torse nu, chemise déchirée et escaladant un grillage pour échapper aux manifestants, tout comme son collègue Pierre Plissonnier, DRH du long-courrier. Au total, sept personnes avaient été blessées.

"C'était un cri de colère, pas un lynchage", a déclaré Marc Hoquet, mécanicien et délégué Sud, lundi lors du rassemblement. "Le gouvernement et la direction étaient muettes" alors que près de "3000 personnes vont être précipitées vers Pôle emploi".

Enquête du parquet

Le parquet de Bobigny a ouvert une enquête, confiée à la police aux frontières, compétente en zone aéroportuaire.

Au moins dix plaintes ont été déposées: celles de six vigiles et trois cadres de l'entreprise pour des "violences" et celle d'Air France pour "entrave au CCE" et "dégradations".

Une enquête interne à la compagnie a également permis d'identifier une dizaine de salariés comme impliqués dans ces violences.

Parallèlement à ces interpellations, les premières notifications de sanctions devaient être envoyées lundi aux salariés identifiés comme ayant participé aux incidents, a affirmé à l'AFP une source proche du dossier, sans préciser le niveau de sanction. La direction d'Air France avait fait savoir que ces sanctions disciplinaires pourraient aller jusqu'au licenciement.

Le Premier ministre, Manuel Valls, avait promis des "sanctions lourdes" contre les "voyous". Le président, François Hollande, avait condamné des violences "inacceptables" pouvant avoir des "conséquences sur l'image" de la France. L'Etat possède 17% du capital d'Air France.

Tour de table de la direction

Après avoir renoué le dialogue vendredi avec les syndicats de pilotes, la direction a poursuivi son tour de table lundi notamment avec l'Unac.

Air France lancera un plan social "à partir de janvier" en cas d'échec des négociations fin 2015 sur de nouvelles mesures de productivité, a expliqué à l'AFP Flore Arrighi, présidente du syndicat de PNC (stewards et hôtesses).

La direction se donne deux mois et demi pour parvenir à un accord permettant d'éviter la totalité des 2900 suppressions de postes envisagées. Jusqu'à présent, elle s'est heurtée au refus des syndicats sur sa principale demande: faire voler les navigants une centaine d'heures de plus par an, à salaire égal.


 

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