Le tribunal du travail de Francfort (ouest) a jugé légale la grève sans précédent des conducteurs de trains allemands. Celle-ci se poursuit vendredi, occasionnant de nouvelles perturbations.
La juridiction a rejeté la requête de la direction de la Deutsche Bahn (DB) qui voulait faire interdire en référé la grève lancée par le syndicat des conducteurs de train GDL, sixième mouvement depuis septembre et de loin le plus dur. Dans un communiqué, la DB a estimé "de son devoir" de faire appel de cette décision.
La grève, sans précédent depuis 1945, a démarré mercredi dans le fret et jeudi pour les liaisons passagers (grandes lignes, lignes régionales, lignes urbaines de S-Bahn dans les grandes villes). Elle doit se poursuivre jusqu'à lundi à 4 heures.
Vendredi, les conditions de trafic devraient être à peu près identiques à celles de la veille: les transports régionaux et de banlieue ont été fortement touchés, avec seulement 15 à 40% du trafic normal selon les régions.
Suisse touchée
Selon des économistes, le mouvement pourrait coûter jusqu'à 100 millions d'euros par jour à l'économie allemande s'il entrave l'approvisionnement des entreprises.
Son impact se fait sentir jusqu'en Suisse: les trains de nuit vers Hambourg, Berlin et Dresde–Prague, supprimés dès mercredi soir, ne circuleront pas jusqu'à la nuit de dimanche à lundi, selon les CFF.
Compromis rejeté
Dans son communiqué, la DB regrette que le syndicat ait rejeté la proposition de compromis préparée par une magistrate du tribunal. "La proposition de la juge aurait grandement contribué à apaiser le conflit", souligne la direction, précisant que ce projet prévoyait une interruption de la grève jusqu'au 17 novembre.
Selon un sondage rendu public jeudi, 51% des Allemands affirment ne pas comprendre la grève des conducteurs de train, contre 46% d'avis contraire.
Le petit syndicat GDL (19'000 adhérents sur les 196'000 salariés de la Deutsche Bahn en Allemagne) et son président Claus Weselsky ont été durement critiqués par les politiques et dans les médias allemands ces dernières semaines.
Au coeur du conflit, une revendication de hausse de salaires et de réduction du temps de travail, mais surtout une bataille sur la représentativité du syndicat, qui veut négocier avec la Deutsche Bahn au nom d'autres catégories du personnel que les seuls conducteurs, ce que la compagnie refuse.