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Allemagne: un infirmier avoue lors de son procès avoir tué 100 personnes

En cinq ans, un infirmier allemand a tué 100 patients des hôpitaux du nord du pays dans lesquels il travaillait. Cet homme de 41 ans, déjà condamné à perpétuité pour des crimes semblables, a avoué mardi, lors de son procès, cette vague de meurtre sans précédent.

30 oct. 2018, 13:48
Niels Högel a dissimulé son visage durant son procès. Il n'a jusqu'ici montré aucun remords.

Un ancien infirmier allemand, Niels Högel, a reconnu mardi à l'ouverture de son procès les 100 meurtres de patients pour lesquels il est jugé. Cette affaire, très médiatisée et qui a choqué le pays, est sans précédent depuis la guerre en Allemagne.

Après une minute de silence à la mémoire des victimes et la lecture de l'acte d'accusation, la cour a demandé en fin de matinée à M. Högel si les accusations le visant étaient justes. "Oui", a-t-il répondu à voix basse, avant d'ajouter de manière sibylline que ce qu'il a avoué "a bien eu lieu". Surprise, la salle a accueilli ces aveux dans le silence. Précédemment, l'accusé avait écouté, tête baissée, sans expression, les noms des 100 personnes qu'il a tuées et qu'égrainait la procureure, Daniela Schiereck-Bohlmann.

Cet homme de 41 ans, qui purge déjà une peine de prison à perpétuité depuis près de dix ans pour six crimes similaires, fait face dans la salle à des dizaines de proches de défunts réunis dans le centre polyvalent d'Oldenbourg, dans le nord-ouest de l'Allemagne, faute de place suffisante au tribunal.

Tous veulent que justice soit rendue et achever leur deuil, mais aussi comprendre comment l'infirmier a pu tuer de 2000 à 2005 dans les hôpitaux où il travaillait sans que ses employeurs, la police ou la justice ne réagissent. "Tous les éléments étaient là, tout était connu. Pas besoin d'être Sherlock Holmes" pour comprendre qu'un meurtrier était à l'oeuvre, martèle le petit-fils d'un défunt.

 

 

"C'était le stress"

Interrogé par la cour, Niels Högel a commencé à apporter de premiers éléments de réponses sur sa vie et sa personnalité, expliquant s'être drogué aux analgésiques pour faire face à la pression d'un service de soins intensifs en sous-effectif. "C'était le stress. Avec les médicaments, ça me paraissait plus facile, tout simplement", a expliqué l'accusé, avant d'ajouter qu'il aurait dû réaliser que "ce métier n'était pas fait pour (lui)".

Pendant cinq ans, d'abord dans l'hôpital d'Oldenbourg puis dans celui de la commune voisine de Delmenhorst, Niels Högel a injecté, selon l'accusation intentionnellement, à des patients des médicaments pour provoquer un arrêt cardiaque avant de tenter de les ranimer, le plus souvent sans succès.

Ses motifs: son désir de briller devant ses collègues en montrant ses talents de réanimation, et "l'ennui", selon le parquet. Il choisissait arbitrairement ses victimes, âgées de 34 à 96 ans. L'expertise psychiatrique a révélé des troubles narcissiques et une peur panique de la mort. Jusqu'ici, Niels Högel n'a jamais exprimé de réels remords. Et selon des codétenus, il se satisfait d'être le plus grand criminel depuis la dernière Guerre en Allemagne.

Comprendre ce dossier sans précédent, c'est la promesse formulée mardi par le juge Sebastian Bührmann au début de ce procès qui doit durer au moins jusqu'en mai: "C'est comme une maison dont les pièces sont plongées dans le noir. Nous voulons faire la lumière dans le noir".

Peut-être même jusqu'à 200 victimes

Car si le procès porte sur 64 meurtres à Delmenhorst et 36 à Oldenbourg, Niels Högel aurait encore bien des secrets. En effet, les enquêteurs évaluent le nombre réel de ses victimes à plus de 200, mais impossible de le prouver car de nombreux patients ont été incinérés.

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