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Amazonie: la déforestation est le plus court chemin vers la sécheresse

Si la déforestation continue au rythme actuel en Amazonie, les précipitations diminueront tellement que la région s'expose à des bouleversements écologiques et économiques majeurs, alertent des chercheurs.

05 sept. 2012, 19:00
amazonia

Les pluies devraient baisser de 12% à la saison humide et 21% à la saison sèche d'ici 2050 dans le bassin amazonien si la déforestation se poursuit , avertissent mercredi des chercheurs dans la revue britannique "Nature".

Ces chiffres pourraient paraître banals, voire passer totalement inaperçus, tant le phénomène est déjà connu et débattu au fil des différents sommets mondiaux consacrés à l'environnement.
 
Sauf que cette estimation est la première parvenant à concilier les modèles climatiques, qui prédisent un assèchement du bassin de l'Amazone, avec les observations de terrain qui montrent paradoxalement qu'il pleut davantage sur les zones déboisées.
 
Evapotranspiration
 
La clef du mystère sonne comme un gros mot: "évapotranspiration". Le phénomène est simple. Les arbres tropicaux extraient l'eau du sous-sol profond et la pompent dans l'atmosphère, celle-ci retombant ensuite sous forme de pluie, sur place ou dans d'autres régions.
 
Dans les zones tropicales humides, qui abritent plus de 35% des forêts du monde sur une surface de 11,5 millions de km2, la quantité de précipitations ainsi recyclée est comprise entre 25% et 56%.
 
Autrement dit, l'évapotranspiration permet de maintenir l'humidité au niveau local et de fournir de l'eau en abondance à des milieux situés très loin à l'intérieur des terres.
 
A grande échelle, les modèles climatiques indiquent tous que la disparition des forêts tropicales va affaiblir ce mécanisme vital.
 
Une simulation suggère ainsi que si 40% de la forêt amazonienne disparaissait, la région basculerait de manière irréversible d'un climat "tropical humide" vers un autre plus sec.
 
Dénouer le paradoxe
 
Pourquoi alors pleut-il davantage sur les zones déboisées? Faute de couverture végétale suffisante, la température augmente dans les zones déboisées.
 
Cela crée un courant d'air ascendant qui aspire l'air humide situé au-dessus des forêts adjacentes. Cet air humide s'élève à son tour et libère alors la pluie sur les zones déboisées.
 
Dénouer ce paradoxe aura été un travail de titan pour Dominick Spracklen, de l'Université de Leeds (Grande-Bretagne), et ses collègues.
 
Pour chaque degré de latitude et de longitude situé entre les deux tropiques, ils ont analysé les données fournies par divers satellites sur les précipitations et la couverture végétale entre 2001 et 2007.
 
A l'aide d'un modèle mathématique, ils ont ensuite reconstruit jour par jour la trajectoire suivie par les différentes masses d'air dans l'atmosphère tropicale.
 
"Nous avons trouvé une relation forte et significative entre l'exposition des masses d'air à la végétation et les précipitations qu'elles produisent", assurent les chercheurs.
 
"L'air passé au-dessus d'une végétation dense produit au moins deux fois plus de pluie que l'air qui a traversé une végétation éparse", résument-ils.
 
Impact énorme
 
Si l'on ajoute ce phénomène d'assèchement à la hausse des températures moyennes d'environ 3ðC attendue par la plupart des climatologues d'ici la fin du siècle, l'impact potentiel sur l'Amazonie "peut être énorme", insiste Luiz Arago, spécialiste de l'environnement à l'Université britannique d'Exeter, dans un commentaire séparé.
 
Outre l'impact écologique, "de tels changements menaceraient aussi directement l'agriculture, qui génère 15 milliards de dollars en Amazonie, et l'industrie hydro-électrique qui fournit 65% de l'électricité du Brésil", prévient-il.
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