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Arrestations en Turquie: Erdogan dit à l'Europe de se mêler de ses affaires

Le président turc Erdogan n'apprécie pas les leçons de moral de l'Union européenne, d'où sont arrivées de nombreuses critiques après les arrestations intervenues dans les milieux de l'opposition.

15 déc. 2014, 16:56
Le président turc Recep Tayyip Erdogan: "ce que peut dire l'UE nous est parfaitement égal. On s'en fiche."

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a demandé lundi aux Européens de "se mêler de leurs affaires". Il réagissait aux critiques de l'Union européenne après les arrestations massives visant les médias opposés à son régime.

"L'Union européenne ne peut pas interférer dans des mesures prises... dans le cadre légal, contre des éléments qui menacent notre sécurité nationale" a déclaré Erdogan dans un discours retransmis à la télévision, dans la ville d'Izmir (ouest). "Quand nous prenons de telles mesures, ce que pourrait dire l'UE, ou qu'elle nous accepte ou pas, nous est parfaitement égal. On s'en fiche... gardez vos idées pour vous" a ajouté le président.

Contraires aux "valeurs européennes"

La cheffe de la diplomatie de l'UE Federica Mogherini ainsi que Johannes Hahn, commissaire chargé de la politique européenne de voisinage et des négociations d'élargissement, ont dénoncé dimanche les opérations de la police turque, les qualifiant de contraires aux "valeurs européennes" et "incompatibles avec la liberté de la presse".

M. Erdogan a mis en garde les deux responsables européens contre toute pression exercée contre les juges, les procureurs et la police turcs. "Je me demande si ceux qui maintiennent ce pays aux portes de l'UE depuis 50 ans savent ce que représentent ces mesures?", a-t-il demandé, en allusion aux arrestations.

Vingt-sept arrestations

La police a arrêté dimanche 27 personnes à Istanbul et dans plusieurs villes de Turquie, essentiellement des journalistes, dont Ekrem Dumanli, le rédacteur en chef de "Zaman", l'un des grands quotidiens en Turquie, proche du prédicateur islamiste Fethullah Gülen.

Le quotidien titrait lundi matin, sur fond noir : "Journée noire pour la démocratie". "Zaman maintiendra sans peur sa ligne pacifique pour la démocratie et la liberté", assurait le journal, ajoutant que la Turquie était "au bord du gouffre".

"Au bord du gouffre"

Au sein de la presse pro-gouvernementale, Abdulkadir Selvi l'éditorialiste du quotidien "Yeni Safak", s'offusquait de ces arrestations. Il était ainsi en opposition avec la ligne de sa rédaction qui estime qu'il est "temps" que les opposants turcs rendent "des comptes".

Le quotidien "Hurriyet" considère quant à lui que les arrestations de journalistes sont "un coup" assené à la démocratie et la liberté d'expression.

"Dix fois pire" qu'en 1980

Les perquisitions participaient d'une riposte nécessaire à de "basses manoeuvres" émanant d'ennemis politiques, a déclaré le président turc.

Fethullah Gülen, qui est à la tête d'une puissante confrérie, est exilé depuis 1999 aux Etats-Unis. Il a estimé cette année que la répression menée par Recep Tayyip Erdogan était "dix fois pire" que celle qu'a connue la Turquie après le putsch militaire de 1980.

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