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Athènes: former le gouvernement sera difficile

La Grèce aura sans doute bien du mal à constituer un gouvernement cette semaine, après le cinglant désaveu infligé par les électeurs aux deux partis qui avaient accepté les politiques d'austérité dictées par les bailleurs de fonds du pays.

07 mai 2012, 07:17
president_pasok

A la suite des élections législatives de dimanche soir, les partis opposés à un accroissement de l'austérité ont raflé, en incluant une formation néonazie qui fait une entrée au parlement pour la première fois, 150 sièges au parlement, soit la moitié exactement, selon un décompte du ministère de l'Intérieur portant sur 95% des dépouillements.

Les 150 autres sièges, soit moins que la majorité absolue de 151 sièges, reviennent aux deux partis pro-austérité et pro-européens grecs, le Pasok (socialiste) et la Nouvelle Démocratie (droite), qui gouvernent ensemble dans une coalition depuis novembre. Ils ont recueilli 32,4% des voix contre 77,4% en 2009, selon ce décompte.

Ces chiffres confirment la débacle des deux partis historiques et rendent très problématique la formation d'un gouvernement de coalition par ces deux partis pour poursuivre encore la politique de rigueur dictée par l'UE et le FMI.

Les deux grands gagnants du scrutin sont la formation de gauche radicale, Syriza, opposée au memorandum d'accord de la Grèce avec les bailleurs de fonds du pays, qui devient la deuxième force politique du pays, et le parti néonazi Chryssi Avghi (Aube dorée) qui fait une entrée en force au parlement, pour la première fois.

Lutte contre les "usuriers mondiaux"

Le dirigeant de cette formation, Nikos Mihaloliakos, a affirmé dès dimanche soir que son groupe allait lutter contre les "usuriers mondiaux" et "l'esclavage" imposé selon lui au pays par l'UE et le FMI en échange de leur aide financière.

Ex-groupuscule semi-clandestin anti-immigrés aux méthodes notoirement violentes et aux thèses racistes et antiparlementaires, Chryssi Avghi a obtenu 21 deputés sur 300 au parlement grec, avec 6,9% des voix. Ce qui le classe sixième parti des sept qui seront représentés dans cette assemblée.

Mémorandum annulé

Selon le dirigeant du Syriza, Alexis Tsipras, 37 ans, le résultat du scrutin "a privé de toute légitimité le mémorandum" d'accord prévoyant une cure d'austérité en Grèce en échange de prêts internationaux d'un total prévu de 240 milliards d'euros destinés à sauver le pays de la faillite.

"Nous ferons tout pour que le pays ait un gouvernement qui dénonce l'accord de prêt" avec l'Union européenne et le FMI, a-t-il insisté.

Son parti, crédité de 51 sièges au parlement (16,66% des voix), demande la suspension du service de la dette, l'effacement d'une partie de la dette publique et des mesures de relance.

Majorité menacée

La percée du Syriza pourrait priver de tout espoir de majorité une coalition d'unité nationale visant à garantir le maintien du pays dans l'euro, à laquelle ont appelé dans la soirée les dirigeants des deux partis gouvernementaux sortants, le conservateur Antonis Samaras et le socialiste Evangélos Vénizélos, laminés dans les urnes pour leur ralliement à l'austérité.

La Nouvelle Démocratie, seul parti avec le Pasok à avoir signé avec l'Union européenne un engagement à poursuivre la politique de rigueur et de réformes, est bien devenu, comme prévu, premier parti de Grèce, mais avec un score historiquement bas (19,06%) qui lui confère seulement 109 sièges de députés.

M. Samaras a proposé dimanche soir la formation "d'un gouvernement de salut national" pour maintenir la Grèce dans l'euro, en s'engageant à "changer la politique du mémorandum" d'austérité.

Selon Panayotis Petrakis, professeur d'économie financière à l'université d'Athènes, "le pays a encore une petite marge de manoeuvre grâce à la victoire de François Hollande en France, qui devrait empêcher que l'Europe nous lâche brutalement". Mais il faudrait "vite un gouvernement de technocrates", au risque sinon d'un retour rapide aux urnes.

Pasok écrasé

Le Pasok sort du scrutin écrasé et recueille 13,31% des voix (41 députés), contre 43,9% en 2009, puni pour avoir accepté les conditions d'austérité drastique attachées à l'aide.

L 'incertitude quant à la possibilité de former un gouvernement était perceptible sur les marchés asiatiques dès l'ouverture lundi matin à Hong Kong où la bourse a commencé la séance en baisse de 2,08%. A Tokyo, la bourse a aussi ouvert en recul de 2,63%.

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