SAMUEL FOREY
C'est l'aube. L'attaque devrait être imminente. Rabaa attend. Aux frontières du sit-in, derrière des sacs de sable ou des murs de pavés, les gardes veillent. Arme au pied - des bâtons -, équipés de casques, de masques à gaz, de gilets orange, ils guettent l'arrivée des forces de l'ordre. Le silence, si rare au Caire, règne. La lumière pâle rend tout le monde un peu blafard. Les seuls à vraiment bouger sont quelques gamins insomniaques qui courent entre les barricades.
Le sit-in organisé par les Frères musulmans achève une nuit de plus. Il hésite entre festival de la fierté frériste et camp retranché. Entre manèges et attractions pour les enfants et village de tentes garnies de photos de martyrs ensanglantés. En un peu plus d'un mois, la grande avenue Nasser a presque disparu sous les tapis, les toiles, les scènes, les échafaudages, les stands, les lignes de défense...