La file indienne fend à tâtons les eaux boueuses en s’accrochant à une rampe de bambou pour ne pas glisser dans la fange. Ces femmes courbées et ces enfants tentent de garder sur leur tête de lourds sacs de riz en équilibre précaire, leur bien le plus précieux dans cet exil forcé. Ce mardi, ces réfugiés rohingyas fuyant les violences dans l’Etat d’Arakan voisin sont à nouveau délogés, cette fois par les pluies torrentielles qui ont inondé leur camp de Balukhali, dans le sud du Bangladesh. Ce patchwork de cahutes de bambou recouvertes de bâches de plastique a été construit d’urgence sur la boue rouge détrempée pour accueillir la marée humaine de plus de 410 000 exilés arrivés de la Birmanie voisine, en quelques semaines, fuyant un «nettoyage ethnique», selon l’ONU.
A la même heure, au-delà de la rivière frontière Naf, Aung San Suu Kyi monte à la tribune...