Le premier ministre australien s'est attiré mercredi une volée de bois vert en proposant de fermer des villages aborigènes à des fins d'économie. En proie à l'analphabétisme, au chômage et à l'alcoolisme, cette minorité défavorisée est très dépendante de la solidarité nationale.
Les Aborigènes, présents sur le territoire depuis au moins 40'000 ans, vivent aujourd'hui dans des régions isolées, loin des grandes agglomérations et des pôles d'activité économique, dans des conditions souvent misérables.
Au nom des contribuables
Or le premier ministre Tony Abbott estime que ces affres induisent un coût social et financier de moins en moins supportable pour les contribuables australiens, récemment contraints à de gros sacrifices pour maintenir à flot le budget de l'Etat.
Les contribuables, a plaidé M. Abbott dans une interview à la télévision publique ABC, acquittent leurs impôts "pour fournir des services décents" à condition que leur sacrifice soit tout aussi "décent".
Une centaine de villages visés
"Nous ne pouvons pas éternellement subventionner des choix de vie si ces choix de vie ne permettent pas (à leurs bénéficiaires) de participer pleinement à la société australienne", a-t-il ajouté.
Le dirigeant libéral conservateur propose donc de fermer plus d'une centaine de villages aborigènes dans l'Etat d'Australie-Occidentale si les services publics de base ne peuvent y être garantis sans une dépense qu'il juge excessive.
Conseiller abasourdi
Son principal conseiller aux affaires indigènes, Warren Mundine, un ancien responsable travailliste, s'est dit abasourdi mercredi. "Ces gens vivent sur leurs terres originelles (...). Il s'agit de leur vie, de leur essence même, de leur culture même", a-t-il rappelé.
Lors de l'arrivée des colons européens en Australie en 1788, les Aborigènes étaient environ un million. Ils ne représentent plus aujourd'hui que 470'000 des 23 millions d'habitants du pays.