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Ben Ali écope de 20 ans alors que l'art divise la Tunisie

Zine el-Abidine Ben Ali a été condamné mercredi à 20 ans de prison par un tribunal militaire de Tunis pour incitation à la violence lors de la "révolution du jasmin".

13 juin 2012, 18:51
epa03057603 (FILE) A file photo dated 07 November 2007 showing Tunisian President Zine Al-Abidine Ben Ali waving upon his arrival at the Olympic Stadium in Rades, Tunisia. Tunisians will mark the first anniversary of the fall of dictator Zine El Abidine Ben Ali on 14 January 2012 and take stock following a year of mixed blessings for the country that led the Arab world down the road of revolution. On January 14, 2011, Ben Ali and his wife went into exile in Saudi Arabia after a month of protests over his corrupt, repressive 23-year rule that unleashed a wave of uprisings across the region.  EPA/STRINGER *** Local Caption *** 00000401910642

Un tribunal militaire de Tunis a condamné par contumace mercredi l'ex-président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali à 20 ans de prison.

Le verdict contre M. Ben Ali a été rendu à l'aube dans l'affaire dite de Ouardanine, relative à la mort de quatre jeunes tués par balles durant les violences qui ont secoué la ville de Ouardanine dans le Sahel tunisien (est) à la mi-janvier 2011.

Dans la nuit du 15 au 16 janvier 2011, au lendemain de la fuite de M. Ben Ali en Arabie saoudite, quatre manifestants avaient été tués en tentant de s'opposer à la fuite de Kaïs Ben Ali, le neveu du président déchu, qui finalement a été arrêté le 14 mars à Sousse.

Les familles des victimes ont accusé des agents des forces de l'ordre d'avoir ordonné de tirer sur les manifestants. L'ex-président devait répondre d'"incitation au désordre, meurtres et pillages sur le territoire tunisien", selon l'agence TAP.

Policiers poursuivis

Une quinzaine de membres des forces de sécurité étaient également poursuivis dans ce dossier, et des peines de cinq à dix ans de prison ont été prononcées par le tribunal militaire, toujours selon TAP. Certains des accusés sont actuellement toujours en fuite.

La justice tunisienne a également accordé des indemnités aux familles des victimes comprises entre 150'000 et 200'000 dinars (entre 90'000 et 120'000 francs).

Cette condamnation intervient alors qu'un autre tribunal militaire doit se prononcer incessamment sur l'"affaire des martyrs de Thala et Kasserine". La peine capitale a été requise contre M. Ben Ali, poursuivi dans ce cas pour complicité d'homicide volontaire dans la mort de 22 manifestants.

Zine El Abidine Ben Ali a déjà cumulé au civil des condamnations à 66 ans de prison notamment pour détournements de fonds, trafic de drogue et abus de biens publics. Il fait l'objet avec son épouse Leïla Trabelsi d'un mandat d'arrêt international, mais l'Arabie saoudite n'a jusqu'ici jamais répondu aux demandes d'extradition.

Premier mort

Alors que le pays règle ses compte avec son passé, les heurts qui ont débuté lundi entre salafistes et forces de l'ordre ont provoqué mercredi la mort d'un homme de 22 ans. Il a succombé à ses blessures après avoir été atteint d'une balle dans la tête, a précisé l'hôpital Fahrat Hached de Sousse, qui n'était pas en mesure de préciser si la victime faisait partie des émeutiers.

Sousse fait partie depuis mardi soir des gouvernorats sous couvre-feu. La région, comme Tunis, est au coeur des violences après des protestations contre une exposition d'art jugée offensante pour l'islam.

Mercredi, le ministère français des affaires étrangères a "exprimé sa préoccupation" face à ces violences. Mais le calme semblait toutefois prévaloir après deux jours d'intenses oppositions. Le bilan provisoire fait état d'un mort, d'une centaine de blessés, dont 65 policiers, et de plus de 160 arrestations.

Infiltrations

Dans un communiqué conjoint, le chef de l'Etat Moncef Marzouki, le président de l'Assemblée constituante Mustapha Ben Jaafar et le chef du gouvernement Hamadi Jebali ont condamné mercredi "des groupes extrémistes qui menacent les libertés", allusion implicite aux salafistes.

Mais ils ont aussi mis en cause "des spectres du régime déchu qui tentent de mettre en échec le processus de transition", accréditant la thèse d'une infiltration des salafistes par des anciens membres du parti dissous RCD de M. Ben Ali.

Atteinte au sacré

Les violences ont démarré à la suite d'une controverse autour de l'exposition "Printemps des Arts", dans la banlieue de Tunis, où des oeuvres ont été jugées offensantes pour l'islam. En cause notamment: un tableau représentant une femme quasi nue avec en arrière plan des hommes barbus, et une toile façon BD représentant un salafiste furieux.

Dès mardi, le ministre tunisien de la Culture Mehdi Mabrouk avait annoncé qu'il allait déposer plainte contre les organisateurs de l'exposition et fermer le palais où les oeuvres ont été exposées. Les trois présidences ont condamné elles aussi cette "atteinte au sacré", alors que beaucoup d'artistes tunisiens sont consternés.

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