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Birmanie: journée de répression «la plus sanglante», au moins 38 morts

Mercredi, trente-huit manifestants ont été tués par les forces de sécurité. Ils demandent depuis plusieurs semaines le départ des généraux putschistes, qui se sont emparés du pouvoir le 1er février.

03 mars 2021, 20:30
Six journalistes birmans sont poursuivis pour avoir "causé la peur parmi la population, répandu de fausses informations (...) ou incité des employés du gouvernement à la désobéissance", selon leur avocate.

Au moins trente-huit manifestants pour la démocratie ont été tués et plusieurs blessés mercredi en Birmanie par les forces de sécurité. Celles-ci continuent à tirer à balles réelles, défiant le concert de protestations internationales.

L’émissaire onusienne pour la Birmanie, la Suissesse Christine Schraner Burgener, a appelé les membres de l’ONU à prendre des sanctions «fortes».

«J’ai eu une discussion avec l’armée et l’ai avertie que les Etats membres et le Conseil de sécurité pourraient prendre des mesures importantes, fortes», a-t-elle dit lors d’une visioconférence de presse.

La journée de mercredi a été «la plus sanglante» en Birmanie depuis le coup d’Etat du 1er février avec «38 morts», a souligné l’émissaire. Les forces de sécurité ont ouvert le feu à balles réelles dans plusieurs villes pour disperser les rassemblements.

«Nous avons maintenant plus de 50 morts depuis le début du coup d’Etat, et de multiples blessés», a ajouté Christine Schraner Burgener.

La junte veut étouffer la contestation

La junte semble plus déterminée que jamais à éteindre le vent de fronde qui souffle sur ce pays depuis le coup d’Etat du 1er février contre le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi. 

L’ex-président de la République, Win Myint, déjà inculpé pour ne pas avoir respecté des restrictions liées au coronavirus, est désormais accusé d’avoir enfreint la Constitution, a indiqué à l’AFP l’avocat Khin Maung Zaw. Aung San Suu Kyi, toujours tenue au secret, est elle visée par quatre chefs, notamment «incitation aux troubles publics».

Des scènes de répression ont été rapportées dans plusieurs villes du pays. Malgré la peur des représailles, les protestataires continuent à descendre dans les rues pour demander le départ des généraux putschistes et la libération des centaines de détenus emprisonnés ces dernières semaines.

 

 

Coupures d’internet, renforcement de l’arsenal législatif, vagues d’interpellations, recours aux armes létales: face à la mobilisation pro-démocratie, la junte n’a cessé d’intensifier sa riposte. La journée de dimanche avait déjà été particulièrement meurtrière avec au moins 18 manifestants tués, d’après les Nations Unies.

Mais l’armée fait toujours la sourde oreille aux condamnations internationales. Même l’ambassadeur birman aux Nations unies, Kyaw Moe Tun, a rompu de manière spectaculaire avec les généraux la semaine dernière, appelant à «mettre fin au coup d’Etat». Depuis, la junte lui a désigné un remplaçant aux Nations Unies, tandis que Kyaw Moe Tun assure toujours représenter le pays – un imbroglio juridique qui devra être tranché par l’ONU.

Début février, ses 15 membres avaient publié une déclaration commune qui exprimait leur préoccupation sans toutefois condamner le coup d’Etat, Pékin et Moscou, alliés traditionnels de l’armée birmane, s’opposant à une telle formulation.

L’armée, qui conteste le résultat des élections de novembre remportées massivement par le parti d’Aung San Suu Kyi, a promis la tenue d’un nouveau scrutin.

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