Jugé pour avoir tué 77 personnes dans deux attaques distinctes l'an dernier en Norvège, Breivik a révélé jeudi que son objectif initial était de perpétrer trois attentats à la bombe suivis d'une fusillade.
«Le plan, c'était trois voitures piégées suivies d'une fusillade», a déclaré Breivik au quatrième jour de son procès.
Interrogé par l'accusation, l'extrémiste de droite a expliqué qu'il comptait placer deux bombes d'une tonne chacune, l'une dans le quartier des ministères - comme il l'a fait le 22 juillet 2011 - et l'autre près du siège du parti travailliste.
Il envisageait aussi de déposer une bombe de 500 kg près d'une troisième cible «très incertaine», évoquant une tour abritant le journal norvégien Aftenposten, le Parlement, l'Hôtel de ville d'Oslo ou encore le Palais royal.
S'il avait survécu à ces attaques, ce qu'il jugeait très improbable, il comptait aussi perpétrer une fusillade contre les occupants d'un squat célèbre d'Oslo --Blitz--, le journal Dagsavisen et le parti de la Gauche socialiste, dont les bâtiments sont géographiquement proches.
L'extrémiste a finalement renoncé à ce plan en juin: «C'était beaucoup plus difficile que je ne le pensais de faire une bombe», a- t-il expliqué, évoquant aussi l'amenuisement de ses moyens financiers.
Concluant qu'il n'y parviendrait pas, il a précisé s'être rabattu sur l'idée de s'en prendre au seul siège du gouvernement et au camp d'été de la Jeunesse travailliste rassemblant des centaines d'adolescents sur l'île d'Utoeya.
Lors de la même audience, Breivik a indiqué avoir commencé à envisager dès 2006 «une opération-suicide» et d'être entré dans la phase de préparation opérationnelle à partir de 2009. «Je pensais que mes chances de survie étaient équivalentes à zéro», a-t-il dit.
Peu de chance de survie
Le tueur d'Oslo n'imaginait pas sortir de son périple meurtrier vivant. Anders Behring Breivik s'attendait à affronter la police armée quand il a quitté le camp de jeunes sur l'île d'Utoya, où il a tué 69 personnes. Personne n'a arrêté Breivik habillé d'un uniforme qu'il avait fait lui-même, équipé d'un fusil et d'une arme de poing. Au total, 77 personnes ont été tuées.
Le jeune homme de 33 ans a raconté qu'il s'était préparé à une fusillade avec des commandos de la police, en jouant à un jeu-vidéo sur son ordinateur, "J'estimais mes chances de survie à moins de 5%", a-t-il lancé. Il a joué pendant 16 mois au jeu "Modern Warfare" à partir de janvier 2010, pour se préparer au viseur d'un fusil.
Breivik a avoué avoir décidé dès 2006 de mener une opération "suicide". Dans un premier temps, il a pris une "année sabbatique" pour se consacrer à un autre jeu "World of Warcraft", près de 16 heures par jour.
Pas de salut extrémiste
Anders Behring Breivik s'est abstenu de faire son salut extrémiste jeudi lors de quatrième journée d'audience de son procès. Cette information a été rapportée par un journaliste de l'AFP sur place.
Mercredi, son avocat Geir Lippestad avait annoncé qu'il demanderait à son client de renoncer à ce geste - bras droit tendu, poing fermé - jugé provocateur par les familles des victimes et les survivants.
Jeudi, Breivik s'est entretenu quelques instants avec les membres de sa défense avant de rejoindre sa place.
Une fois ses menottes retirées, Breivik est resté debout, s'attirant un rappel à l'ordre de la juge lui demandant de s'asseoir, puis a pris sa place sous les objectifs des caméras sans répéter son salut.
Dans le manifeste idéologique diffusé juste avant les attaques le 22 juillet 2011, l'extrémiste de droite de 33 ans explique que ce geste représente "la force, l'honneur et le défi aux tyrans marxistes en Europe".