Mélancolie persistante, troubles du sommeil, sentiment de frustration ou de confusion... c'est le "Brexit blues". Le référendum du 23 juin aura psychologiquement marqué les esprits outre-Manche.
"On pourrait décrire cela comme une forme de dépression", confie un partisan du maintien dans l'UE. "Je n'avais jamais rien ressenti de tel auparavant. Mon travail en souffre, ma vie privée en souffre, j'ai le sentiment que mon mode de vie est menacé", ajoute un chercheur de l'Université d'Edimbourg.
La victoire du "Leave" a laissé un pays coupé en deux: 17,4 millions d'électeurs ont voté pour quitter l'UE, 16,1 millions pour y rester, certains vivent cette situation comme un véritable traumatisme.
Reste de la frustration, une sensation de vide, de manque, comme si une présence familière s'était subitement évanouie. Si les symptômes rencontrés sont "multiples", "l'incertitude" est le sentiment dominant, selon la doctoresse Jay Watts, de la Queen Mary University de Londres.
"Il y a d'abord le choc et le sentiment de trahison ressentis par les électeurs du maintien qui pour beaucoup ne se reconnaissent plus dans le Royaume-Uni dans lequel ils vivent", développe-t-elle. Mais le mal, ajoute la praticienne, touche également les pro-Brexit, "exaspérés d'être dénigrés" pour leur choix.
Le blues des immigrés
Certains s'épanchent également sur les réseaux sociaux, usant d'un humour désabusé pour exorciser leurs démons.
"Je travaille en pyjama pour la TOUTE PREMIERE fois. Je crois que j'ai le #Brexitblues", s'exclame une Anglaise sur Twitter. "J'ai résisté à la tentation de prendre dans mes bras le livreur polonais pour lui dire que je l'apprécie toujours", tweete une autre.
La déprime gagne aussi les immigrés européens, pleins de doutes quant à ce Royaume-Uni qui ne leur paraît plus si prompt à leur ouvrir les bras. "J'oscille entre l'abattement, la colère, la tristesse, l'inquiétude, l'espoir", écrit sur son blog une Française de 37 ans installée à Worthing, dans le sud de l'Angleterre.
Sauvés par la gastronomie
Pour "combattre le Brexit blues", le quotidien Evening Standard recommande de se tourner vers... l'Europe, ou en tout cas vers sa gastronomie. Il donne une liste de restaurants londoniens où l'on peut déguster du vin français, de la mamaliga (plat à base de polenta) roumaine ou encore des tapas espagnols.