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Burkina Faso: l'armée s'impose malgré les protestations

L'armée du Burkina Faso s'est imposée de force dimanche, contre les manifestations de l'opposition. Celle-ci dénonce une "confiscation" du pouvoir, trois jours après le renversement du président Blaise Compaoré.

02 nov. 2014, 20:20
L'opposition prend la parole dans les rues de Ouagadougou.

Des soldats ont pris le contrôle de la radio-télévision nationale en début d'après-midi, tandis que d'autres occupaient la place de la Nation, devenue un centre d'agitation au coeur de Ouagadougou, ont constaté des journalistes de l'AFP et de Reuters.

Des troupes du régiment de sécurité présidentiel du nouvel homme fort du Burkina, le lieutenant-colonel Isaac Zida, ont tiré en l'air dans la cour d'entrée du siège de la radio-télévision burkinabé (RTB) pour disperser la foule avant de se rendre maître des lieux. Tous les personnels de la RTB et les journalistes étrangers ont été évacués.

Un jeune Burkinabè a été tué par balle lors du rassemblement. Il s'agit vraisemblablement d'une balle perdue, a estimé l'armée dans un communiqué lu lors d'une conférence de presse.

"Zida dégage", "Zida c'est Judas"

Plusieurs milliers de partisans de l'opposition ont finalement tous été dispersés. Les manifestants étaient venus de la place de la Nation, où l'opposition et la société civile avaient peiné à mobiliser la population en début de matinée contre les militaires.

"Non à la confiscation de notre victoire, vive le peuple !", "Zida dégage", ou encore "Zida c'est Judas", pouvait-on lire sur les pancartes.

La haute hiérarchie de l'armée s'était mise d'accord la veille pour que le numéro 2 de la garde présidentielle, le lieutenant-colonel Isaac Zida, 49 ans, prenne la tête du régime provisoire succédant à 27 ans de gouvernement Compaoré. Le nouveau chef militaire a promis un processus "démocratique" associant toutes les forces vives de ce pays pauvre du Sahel, où vivent 17 millions d'habitants.

Réunion entre opposition et armée

Dans un communiqué diffusé samedi soir, l'opposition politique et les organisations de la société civile "ont réaffirmé que la victoire issue de l'insurrection populaire appartient au peuple. Et, par conséquent, la gestion de la transition lui revient légitimement et ne saurait être, en aucun cas, confisquée par l'armée".

Dimanche en fin d'après-midi, les responsables de l'opposition ont finalement rencontré pendant une petite heure le lieutenant-colonel Isaac Zida, a constaté un journaliste de l'AFP. La rencontre a eu lieu au Conseil économique et social, en plein centre de Ouagadougou, où M. Zida s'est installé.

Etaient présents le chef de file de l'opposition Zéphirin Diabré, l'ancien ministre des Affaires étrangères Ablassé Ouedraogo, l'ancien président de l'Assemblée nationale devenu opposant Roch Marc Christian Kaboré, et le leader du parti sankariste Bénéwendé Sankara.

"Organe de transition"

L'armée burkinabè a ensuite réaffirmé en soirée son engagement à mettre en place un régime de transition dans la concertation, dans un communiqué lu lors d'une conférence de presse après des négociations avec l'opposition. "Un organe de transition sera mis en place avec toutes les composantes qui seront arrêtées par un large consensus, et dont la durée sera précisée", selon ce texte lu par le colonel Auguste Barry, un des adjoints du lieutenant-colonel Zida.

M. Compaoré a été renversé par des milliers de personnes qui ont incendié jeudi le parlement et d'autres bâtiments pour protester contre un projet de révision de la constitution. La nouvelle loi lui aurait permis de prolonger encore son pouvoir.

Communauté internationale défiée

Ce coup de force militaire sonne comme un défi à la communauté internationale, Etats-Unis en tête, qui avaient appelé, quelques heures plus tôt, à un transfert du pouvoir à des civils. L'Union européenne a appelé l'armée à respecter les droits fondamentaux de la population, y compris celui de manifester pacifiquement.

La Constitution burkinabè, que les militaires ont suspendue, prévoit que le président de l'Assemblée nationale assure l'intérim en cas de vacance du pouvoir.

La médiation internationale tripartite, conduite par l'ONU, l'Union africaine et la Cédéao (organisation régionale de l'Afrique de l'Ouest) a évoqué la menace de "sanctions". L'entourage de M. Zida a indiqué qu'il rencontrerait le corps diplomatique lundi matin.

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