Peu après que la présidente Catherine Samba Panza a célébré la renaissance d'une armée nationale en Centrafrique mercredi à Bangui, des militaires ont lynché à mort un jeune homme suspecté d'être un rebelle. Les faits se sont déroulés devant des dizaines de témoins.
Le meurtre à coups de pied, de pierre et de couteau, a eu pour cadre l'enceinte de l'Ecole nationale de la magistrature. Là-même où venait de s'achever la cérémonie à laquelle assistaient les plus hautes autorités de la transition, de la force française Sangaris et de la Mission de l'Union africaine en Centrafrique (Misca), en présence de quelque 4000 soldats centrafricains.
C'est la première fois que les Forces armées centrafricaines (FACA) étaient réunies depuis l'arrivée au pouvoir en mars 2013 de la rébellion Séléka, majoritairement musulmane, dont les éléments sont aujourd'hui cantonnés ou en fuite depuis la démission de leur chef Michel Djotodia de la présidence le 10 janvier.
Ce lynchage, auquel s'est rapidement jointe une foule ivre de colère, s'est déroulé sous les yeux de soldats de la force africaine (Misca). Celle-ci assurait la sécurité de la cérémonie hautement symbolique, et de nombreux journalistes.
Passivité dénoncée
Selon des témoins, le corps a ensuite été démembré puis incendié, avant que la Misca intervienne en tirant des gaz lacrymogènes et des coups de feu en l'air pour disperser la foule, jusqu'à l'arrivée de soldats français.
Ces derniers jours, plusieurs organisations non gouvernementales, notamment Amnesty International et Human Rights Watch, ont dénoncé la passivité des forces internationales face aux violences dont sont particulièrement victimes les musulmans. Ces derniers sont assimilés aux anciens rebelles qui avaient multiplié les exactions pendant des mois contre les populations chrétiennes.