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Centrafrique: "Une mission dangereuse mais nécessaire" selon Hollande

De retour d'Afrique du Sud, François Hollande a fait escale mardi à Bangui en Centrafrique. Sa visite est intervenue au second jour des délicates opérations de désarmement des milices et groupes armés qui sévissent dans la capitale.

11 déc. 2013, 07:26
Le président français François Hollande salue les troupes françaises à Bangui.

La mission de la France en Centrafrique est "dangereuse" mais "nécessaire" pour éviter "un carnage", a déclaré mardi soir le président français François Hollande à Bangui. Il s'est recueilli dès son arrivée devant la dépouille des deux soldats tués la veille dans la capitale centrafricaine.

La mission de la France "est dangereuse", "mais elle est nécessaire si on veut éviter qu'il se produise ici un carnage", a-t-il dit.

Venu d'Afrique du Sud, où il a assisté le jour-même à la cérémonie d'hommage à Nelson Mandela, M. Hollande s'est recueilli devant les cercueils des deux soldats du 8e régiment parachutiste d'infanterie de marine à l'aéroport de la ville, où est basé l'essentiel du dispositif de l'opération française Sangaris, 1600 hommes au total.

Les deux hommes ont été tués dans la nuit au cours d'un accrochage avec des assaillants non-identifiés dans le quartier proche de l'aéroport. Ces pertes françaises sont les premières depuis le déclenchement jeudi soir de l'intervention française, dans la foulée d'un feu vert de l'ONU.

"L'émotion, elle est évidente après ce qui s'est produit: deux soldats qui sont morts pour la mission qui leur avait été confiée, qui se poursuit, et d'autres soldats qui sont encore en ce moment même, au moment où je suis présent, sur le terrain, pour pacifier cette ville et ce pays", a déclaré le président.

Désarmement en cours

"Il était temps d'agir. (...) Ici même à Bangui près de 400 personnes ont été tuées. Il n'était plus le temps de tergiverser", a également dit M. Hollande devant les troupes françaises, alors que la ville - placée sous couvre-feu - était survolée en permanence par des avions et des hélicoptères de combat.

Les soldats français ont pour mission de "rétablir la sécurité, protéger les populations et garantir l'accès de l'aide humanitaire" en République centrafricaine, pays livré au chaos et à une escalade infernale de violences inter-religieuses depuis la prise du pouvoir en mars 2013 par une coalition hétéroclite de groupes rebelles à dominante musulmane.

Sa visite est intervenue au second jour des délicates opérations de désarmement des milices et groupes armés qui sévissent à Bangui, où la situation reste très instable, avec des pillages et des tentatives de représailles contre les civils musulmans.

Dans les faits, le désarmement vise en priorité les combattants de l'ex-rébellion Séléka, jusqu'à présent tout-puissants dans la capitale où ils se sont rendus coupables de nombreuses exactions sur la population.

Rencontre entre présidents

Alors que ces éléments de la Séléka avaient totalement disparu des rues lundi, quelques-uns ont fait leur réapparition à bord de leur pick-ups, manifestement avec l'accord tacite des soldats français et de la force africaine (MISCA).

Selon l'état-major français, la quasi-totalité des groupes armés ont été désarmés sans incident majeur et en moins de 24 heures, avec le soutien de la MISCA. Les bases des Séléka dans les quartiers ont été évacuées et leurs combattants rassemblés dans plusieurs camps militaires.

Lors de son passage, M. Hollande devait rencontrer ensuite les responsables religieux du pays et les autorités de transition, dont le président Michel Djotodia, ex-chef de la Séléka qu'il avait très vivement critiqué samedi dernier et qui a présenté mardi soir "ses condoléances" à la France.

Accusation récente

Le président français avait notamment accusé l'ancien chef rebelle d'avoir "laissé faire" les massacres inter-religieux de ces derniers jours.

M. Hollande devait appeler les responsables politiques centrafricains "à leur sens des responsabilités" et leur demander de "faciliter par tous les moyens le retour au calme", selon son entourage.

L'urgence pour les militaires français semble désormais d'éviter la vengeance des populations de la capitale, en très grande majorité chrétiennes, contre les ex-Séléka et la minorité civile musulmane qui y est associée.

Discussion

En France, le Parlement français s'est réuni pour discuter de l'intervention, pour un débat qui ne fera pas l'objet d'un vote.

"Notre intervention sera rapide, elle n'a pas vocation à durer", a assuré le Premier ministre Jean-Marc Ayrault.

A la morgue de l'hôpital de Bangui, la Croix-Rouge a chargé une centaine de cadavres à bord de deux camions pour les inhumer dans une fosse commune.

Centaines de milliers de déplacés

Plus de 460 personnes ont été tuées à Bangui depuis jeudi, selon la Croix-Rouge et ce bilan devrait s'alourdir.

Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), 100 000 personnes ont fui leurs maisons ces derniers jours à Bangui, ce qui porte à plus de 500 000 le nombre de personnes déplacées dans le pays.

Par ailleurs, le président américain Barack Obama a annoncé le déblocage de 60 millions de dollars d'aide militaire supplémentaire à l'opération des forces étrangères en République centrafricaine, portant à 100 millions de dollars la contribution américaine dans ce dossier.

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