Le bilan du naufrage du paquebot Costa Concordia est désormais de cinq morts. Le nombre de disparus a été réévalué à une quinzaine, alors que les recherches d'éventuels survivants se poursuivent.
La découverte dans une cabine submergée par des plongeurs des cadavres de deux hommes âgés, qui avaient endossé leur gilet de sauvetage, porte le bilan du naufrage à cinq morts et une soixantaine de blessés. Les trois premiers morts recensés étaient deux passagers français et un membre d'équipage.
Les recherches se poursuivent pour tenter de retrouver des survivants piégés dans l'épave, semi-immergée à une trentaine de mètres de l'île du Giglio. Elles sont rendues difficiles par la très forte inclinaison du paquebot, long de 290 mètres, couché sur un flanc à 90 degrés et qui risque de glisser et couler totalement.
Un quart de l'épave
Les plongeurs n'ont contrôlé pour le moment qu'un quart de l'épave selon le responsable des pompiers, Cosimo Pulito, qui a jugé «difficile qu'il y ait des poches d'air» ayant permis la survie d'occupants de la partie submergée du navire. Une note d'espoir était pourtant intervenue en fin de matinée avec une forte diminution du nombre de disparus, évalué désormais à une quinzaine.
Après un couple de jeunes mariés sud-coréens extraits de leur cabine dans la nuit, un troisième rescapé, le commissaire de bord, a pu être extrait du navire avec une jambe cassée. Les pompiers avaient entendu «des bruits» puis «une voix» aujourd’hui à l'aube.
La polémique enfle
Pendant ce temps, la polémique sur le naufrage enflait autour des responsabilités du commandant, incarcéré hier pour homicide multiple et abandon de navire, et de la désorganisation de l'évacuation. La gestion de l'accident par l'équipage, en particulier, a été mise sous enquête.
«L'alerte a été lancée par le navire autour de 22h42 alors que l'impact avait eu lieu une heure avant». Et pendant que l'évacuation était encore en cours, le commandant «était déjà, un peu après minuit, sur les rives de Giglio», a notamment relevé le procureur en charge, Francesco Verusio.
«C'est une grosse erreur humaine qui a eu des conséquences dramatiques», a dénoncé le ministre de la Défense, l'amiral Giampaolo Di Paola. «Des navires de cette dimension ne peuvent pas passer aussi près d'une côte (...). Espérons que le nombre de morts ne grimpe pas», a-t-il souligné.
Parade...
D'après les premiers éléments tirés de la boîte noire, le navire était à seulement 150 mètres du rivage. Selon certains, il effectuait une sorte de parade surnommé l'«inchino» (la révérence), toutes lumières allumées et à grand renfort de sirènes pour saluer les 800 habitants du Giglio. La justice tente de confirmer s'il s'agissait bien d'un «inchino».
Au moment du naufrage, vendredi soir vers 21h30, le navire transportait quelque 4229 personnes dont plus de 3200 touristes de 60 nationalités différentes, dont 69 ressortissants suisses, et un millier de membres d'équipage d'origines diverses.
De nombreux témoins ont décrit des «scènes d'apocalypse» et de «panique» avec des bousculades entre touristes cherchant à monter sur les chaloupes, au milieu de cris et pleurs de la cinquantaine d'enfants et des nombreux retraités participant à la croisière.
Selon des passagers, certains se sont battus pour trouver des gilets de sauvetage, parfois défectueux, et les membres d'équipage n'arrivaient pas à faire descendre les chaloupes. Dans la panique, des dizaines de passagers se sont jetés à l'eau, ce qui explique pourquoi sur la quarantaine de blessés, beaucoup ont des bras ou jambes cassées.
Deux Suisses blessés
Les plus de 4000 rescapés ont été transférés hier du Giglio vers le port de Santo Stefano puis rapatriés pour la plupart vers leurs villes d'origine en Italie et à l'étranger.
Selon les derniers chiffres disponibles du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), 61 personnes des 69 ressortissants suisses ont été localisés. Deux de ces personnes ont été légèrement blessées, a indiqué aujourd’hui le DFAE, qui cherche toujours à localiser les 8 passagers helvétiques restants. Il n'a pas d'informations selon lesquelles des Suisses se trouveraient parmi les personnes disparues, ajoute le DFAE.