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Constat d'échec de Lakhdar Brahimi à l'issue de la conférence de paix sur la Syrie

La conférence sur la Syrie ouverte le 22 janvier à Montreux s'est terminée aujourd'hui à Genève sur un constat d'échec. Le médiateur de l'ONU Lakhdar Brahimi a renoncé à fixer une date pour un nouveau round, faute d'accord sur le fonctionnement des discussions.

15 févr. 2014, 19:07
Le médiateur envoyé par l'ONU pour la Syrie Lakhdar Brahimi est amer. Les négociations ont été vaines lors de la conférence Genève 2.

"Je suis vraiment navré, je m'excuse auprès du peuple syrien dont les espoirs étaient si grands", a affirmé Lakhdar Brahimi, visiblement affecté par l'échec de ses efforts, au terme d'une semaine de tractations infructueuses.

A l'issue d'une ultime réunion avec les délégations du gouvernement de Damas et de l'opposition syrienne samedi matin, le médiateur a constaté l'absence d'accord entre les participants sur l'ordre du jour de la conférence. Il a clairement mis en cause l'attitude du gouvernement syrien qui a refusé de discuter la question de la transition politique avant qu'il soit mis fin au "terrorisme".

"Cette dernière réunion a été aussi laborieuse que les précédentes", a confié Lakhdar Brahimi. Il a indiqué avoir discuté d'un ordre du jour articulé en quatre points: violence et terrorisme, organe de transition politique, institutions nationales et réconciliation nationale.

"La partie gouvernementale a insisté sur le fait que la lutte contre le terrorisme est la question la plus importante, et l'opposition la question de l'organe de transition", a expliqué M. Brahimi. Pour le troisième round, le médiateur a proposé de parler le premier jour de la violence et du terrorisme et le second jour de l'organe de transition.

Fin de non-recevoir

"Le gouvernement y a opposé une fin de non-recevoir, ce qui a attisé les soupçons de l'opposition que le gouvernement ne souhaite même pas en discuter", a affirmé M. Brahimi. Il a expliqué que le gouvernement souhaite un accord sur le premier point (le terrorisme) avant de passer au second point (la transition).

Le médiateur de l'ONU a considéré que "ce n'est pas bon de revenir à Genève pour un troisième round pour tomber dans le même traquenard que cette semaine et une bonne partie du premier round". Chaque partie doit réfléchir, prendre ses responsabilités et dire si elle veut que le dialogue continue, a-t-il affirmé.

Lakhdar Brahimi a indiqué qu'il va discuter de la suite du processus avec le secrétaire général de l'ONU et briefer la semaine prochaine le Conseil de sécurité. Il a aussi suggéré une rencontre entre Ban Ki-moon, le ministre russe Sergueï Lavrov et le secrétaire d'Etat John Kerry.

"J'espère que ce temps de réflexion conduira en particulier le gouvernement à rassurer l'autre partie sur le fait que quand il parle d'appliquer le communiqué de Genève 1, il comprend que l'autorité gouvernementale transitoire doit exercer les pleins pouvoirs exécutifs", a dit M. Brahimi. L'exercice des "pleins pouvoirs exécutifs" reviendrait à priver le président Bachar al-Assad de ses pouvoirs.

Régime "pas sérieux"

Un troisième round de discussions avec le gouvernement syrien sans parler de transition politique serait "une perte de temps", a estimé de son côté le porte-parole de la délégation de l'opposition, Louai Safi, en constatant lui aussi que les discussions se sont achevées "sans résultat positif".

"Le régime n'est pas sérieux. Nous ne sommes pas ici pour négocier le communiqué de Genève 1, mais pour l'appliquer", a-t-il ajouté. "Nous devons être sûrs que le régime veut une solution politique et n'utilise pas des tactiques pour gagner du temps", a encore affirmé M. Safi.

Côté gouvernemental, le chef des négociateurs, l'ambassadeur syrien auprès de l'ONU Bachar Jafari a accusé l'opposition "de ne pas respecter l'agenda", affirmant qu'il fallait d'abord conclure "par une vision commune" sur le premier point, la lutte contre la violence et le terrorisme, avant de passer à un autre point.

Sérieux revers, affirme Londres

L'échec des négociations à Genève entre l'opposition et le gouvernement syriens représente "un sérieux revers", a estimé samedi le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague.

"L'impossibilité de s'entendre sur le programme des prochaines sessions de négociations représente un sérieux revers en vue de trouver la paix en Syrie, et la responsabilité en incombe directement au régime d'Assad", a affirmé M. Hague dans un communiqué.

Pas d'accès significatif, selon le CICR

De son côté, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a affirmé que toute évacuation de civils doit être volontaire. "Les parties doivent garantir un passage sûr aux équipes du CICR et du Croissant-Rouge syrien à tout moment et nous n'offrirons pas nos services sauf si cette évacuation est volontaire", a affirmé le président du CICR Peter Maurer.

A Homs "les négociations avec les autorités syriennes et les groupes d'opposition n'ont pas abouti à un accès significatif et à un engagement ferme au respect des principes fondamentaux du droit humanitaire", a-t-il affirmé. Le CICR n'a pas participé aux évacuations de Homs faute d'avoir obtenu les garanties nécessaires.

Le conflit en Syrie a fait plus de 140 000 tués depuis près de trois ans, a rapporté samedi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), proche des rebelles.

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