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Crimée: l'emprise des forces pro-russes s'intensifie

Deux bases militaires ukrainiennes situées en Crimée ont été capturées par les forces pro-russes mercredi. Kiev réclame la libération de tous les otages dans les trois heures.

19 mars 2014, 19:27
Vladimir Poutine assure que ce sont des "milices citoyennes" - et non des soldats russes - qui sont présentes en Crimée

Les forces pro-russes ont assailli deux bases ukrainiennes en Crimée mercredi: le quartier général de la marine à Sébastopol, puis la base de Novoozerne (ouest). Le chef de la marine Serguiï Gaïdouk a été capturé, sans que les soldats ukrainiens n'opposent de résistance.

L'officier Serguiï Gaïdouk a été capturé dans la matinée par les forces pro-russes lors de l'occupation du quartier général des forces navales à Sébastopol. Les bases militaires ukrainiennes en Crimée sont encerclées depuis plusieurs semaines par les forces russes et pro-russes.

Kiev a donné mercredi trois heures aux autorités pro-russes de Crimée "pour libérer tous les otages", dont le chef de sa marine. L'ultimatum a été prononcé par le président ukrainien Olexandre Tourtchinov.

M. Tourtchinov a menacé "le pouvoir autoproclamé de la Crimée" de prendre des "mesures adéquates" de représailles. Les otages sont "militaires et civils", indique-t-il, sans préciser leur nombre ou leur identité.

Peu après, Washington a appelé Moscou à parler à Kiev concernant les bases en Crimée où les otages sont détenus.

"Les efforts soutenus de la Russie pour prendre le contrôle d'installations militaires ukrainiennes créent une situation dangereuse", a affirmé le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney. "Nous condamnons ces actes. La Russie doit immédiatement dialoguer avec le gouvernement ukrainien pour assurer la sécurité des forces ukrainiennes dans la région ukrainienne de Crimée".

Depuis la signature mardi d'un traité historique par le président Vladimir Poutine, la péninsule ukrainienne est considérée par Moscou comme faisant partie de la Russie. Plusieurs éditeurs ont annoncé la modification de leurs cartes pour y faire apparaître la Crimée en tant que territoire russe.

"Les frontières des Etats sur le service de cartographie de Yandex (...) seront modifiées lors de l'une des prochaines mises à jour", a indiqué le service de presse du plus important moteur de recherche en Russie.

A Kiev, le gouvernement a annoncé que le ministre de la Défense par intérim Igor Tenioukh et le premier vice-Premier ministre Vitali Iarema allaient se rendre en Crimée pour mettre fin à l'escalade du conflit.

Le Premier ministre de la Crimée Serguiï Axionov a immédiatement déclaré (depuis Moscou) qu'ils seraient empêchés d'entrer dans la péninsule. Ce refus a été confirmé dans la capitale, où la situation en Crimée devait être examinée lors d'une réunion du Conseil de sécurité nationale et de défense.

Blitzkrieg institutionnel

Si le Blitzkrieg institutionnel russe est presque terminé, avec l'approbation du rattachement de la Crimée par la Cour constitutionnelle (la ratification par le Parlement russe jeudi ne faisant aucun doute), de nombreux problèmes pratiques restent à régler. Le plus urgent est celui des bases militaires ukrainiennes.

Le gouvernement de Kiev a donné l'ordre à ses militaires de rester dans la province séparatiste. Il les a officiellement autorisés à prendre les armes pour se défendre. Selon le Premier ministre Arseni Iatseniouk, le conflit en Crimée passe "de la phase politique à une phase militaire".

Sanctions ciblées

La situation est extrêmement tendue entre Moscou et l'Occident, à la veille d'un nouveau sommet européen. Les dirigeants européens chercheront jeudi et vendredi de trouver une riposte crédible après le rattachement de la Crimée à la Russie, mais sans aller jusqu'à des sanctions économiques qui nuiraient à leurs intérêts.

L'UE envisage d'élargir la liste de personnalités russes et ukrainiennes pro-russes frappées d'interdiction de visa et de gels des avoirs. Ces sanctions ciblées, décidées lundi, ont laissé Moscou de marbre car elles visent huit responsables de Crimée et treize militaires et parlementaires russes considérés comme des seconds couteaux.

Toujours sur le plan diplomatique, le vice-président américain Joe Biden poursuivait mercredi à Vilnius sa tournée en Pologne et dans les pays baltes, afin de rassurer ces nations alliées qui s'inquiètent de l'agressivité de Moscou. Les Etats-Unis pourraient envoyer des troupes dans les pays baltes.

Le G7, dont les dirigeants sont convoqués lundi à la Haye, devrait discuter "de l'exclusion permanente de la Russie" des rangs du G8, a annoncé le Premier ministre britannique David Cameron.

Kiev renonçe à la présidence de la CEI

L'Ukraine pourrait pour sa part décider de quitter la Communauté des Etats indépendants (CEI), alliance d'ex-républiques soviétiques constituée autour de Moscou après l'effondrement de l'URSS. Le ministère ukrainien des Affaires étrangères a fait savoir que Kiev renonçait à la présidence de la CEI cette année.

Kiev cherche aussi les moyens de riposter à la "nationalisation" des sociétés publiques ukrainiennes en Crimée, en premier lieu du groupe gazier Tchornomornaftogaz qui pourrait être repris par le groupe russe Gazprom.

Par ailleurs, la première banque ukrainienne, PrivatBank, interrompt ses activités en Crimée en attendant des éclaircissements sur le statut légal de la péninsule. L'établissement a fermé ses agences et cessé toute opération sur les comptes.

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