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Crise entre La Haye et Ankara: deux ministres turcs refoulés

Quelques heures après le refus de La Haye d'accueillir le chef de la diplomatie turque sur son sol, les Pays-Bas ont refoulé la ministre turque de la famille, déjà déclarée indésirable avant sa venue.

12 mars 2017, 08:40
Près d'un millier de manifestants munis de drapeaux turcs s'étaient rassemblés samedi soir près du consulat de Turquie à Rotterdam.

La tension est montée entre La Haye et Ankara. Les Pays-Bas ont expulsé dimanche la ministre turque de la famille, en visite à Rotterdam, quelques heures après avoir empêché la venue du chef de la diplomatie turque. Ils venaient faire campagne sur le référendum turc.

En réaction à l'interdiction faite samedi matin à l'avion du ministre turc des affaires étrangères Mevlut Cavusoglu de se poser sur le sol néerlandais, Ankara a bouclé ambassade et consulat néerlandais, qualifiant la décision de La Haye de "vestiges du nazisme".

M. Cavusoglu devait assister à une réunion politique organisée pour la communauté turque à Rotterdam dans le cadre de la campagne du référendum prévu en Turquie le 16 avril sur le renforcement des pouvoirs présidentiels de Recep Tayyip Erdogan. Il a en revanche pu atterrir samedi soir dans l'est de la France, à Metz, où il doit participer dimanche à un meeting.

Une source diplomatique française a confirmé que "le ministère des affaires étrangères a été informé de la venue du ministre" turc, soulignant "le fait que le ministre turc puisse tenir son meeting tient (...) de la liberté de réunion".

Reconduite en Allemagne

A Rotterdam, la ministre turque de la famille, Fatma Betül Sayan Kaya, arrivée par la route depuis Duesseldorf samedi soir, a été empêchée dans le consulat par la police. Elle a ensuite été reconduite à la frontière allemande dans la nuit.

Sa venue a été qualifiée d'"irresponsable" par le gouvernement néerlandais. "Nous avions fait savoir de manière répétée que Mme Kaya n'était pas la bienvenue aux Pays-Bas (...) Mais elle a quand même décidé de faire le voyage", a déploré le gouvernement dans un communiqué.

La ministre "a été expulsée vers le pays d'où elle était venue", a déclaré le maire de Rotterdam, Ahmed Aboutaleb. Après plusieurs heures de négociations, il s'était révélé "impossible de trouver une solution", a-t-il dit. "Je ne partirai pas tant que l'on ne m'aura pas permis de rencontrer nos concitoyens ne serait-ce que pour cinq minutes", avait déclaré la ministre.

"Vestiges du nazisme"

Près d'un millier de manifestants munis de drapeaux turcs s'étaient rassemblés dans la soirée près du consulat de Turquie à Rotterdam, avant d'être dispersés par les policiers à l'aide de canons à eau.

La visite de M. Cavusoglu à Rotterdam nourrissait les tensions entre les deux pays depuis plusieurs jours, La Haye refusant de cautionner une visite gouvernementale destinée à "mener une campagne politique pour un référendum".

Dans l'après-midi, le président Erdogan a réagi en évoquant des "vestiges du nazisme". Des propos qualifiés de "fous" et "déplacés" par le premier ministre néerlandais Mark Rutte.

Quelques heures après le refus de La Haye d'accueillir M. Cavusoglu, Ankara a annoncé avoir bloqué les accès à l'ambassade des Pays-Bas à Ankara et au consulat du royaume à Istanbul pour "raisons de sécurité".

"Les résidences du chargé d'affaires de l'ambassade et du consul sont soumises au même traitement", ont précisé des responsables du ministère turc des affaires étrangères sous le couvert de l'anonymat.

Menaces contre La Haye

A Istanbul, un millier de personnes environ se sont rassemblées devant le consulat des Pays-Bas, scandant des slogans en soutien à M. Erdogan, a constaté un journaliste de l'AFP. Selon des images de la chaîne NTV, des manifestants ont jeté des oeufs et des oranges sur l'ambassade néerlandaise à Ankara.

M. Cavusoglu devait également participer dimanche à un rassemblement à Opfikon (ZH), mais la rencontre a été annulée à la suite du refus de l'hôtel où elle devait avoir lieu.

Le ministre turc avait défié samedi matin les avertissements des autorités néerlandaises en maintenant sa visite prévue à Rotterdam et en les menaçant de "lourdes sanctions" si elles l'empêchaient de venir. Le gouvernement néerlandais avait fait savoir jeudi son opposition à cette visite, et le meeting avait été annulé dès mercredi par le maire de Rotterdam - au motif de l'indisponibilité du gérant de la salle.

La crise entre les Pays-Bas et la Turquie survient à quelques jours du scrutin législatif néerlandais mercredi, au terme d'une campagne où l'islam a été un thème majeur. Le parti du député anti-islam Geert Wilders est donné en deuxième place par les derniers sondages.

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