Les aiguilles indiquent midi. Elles auraient aussi bien pu annoncer minuit. Le soleil a beau briller sur Beyrouth, le jour pénètre à peine dans les mansardes de Chatila. Comme le camp palestinien reste à l’ombre de la capitale du Liban.
Hanadi, 56 ans, tourne le dos à l’horloge accrochée au mur jauni. L’heure s’est arrêtée pour la Palestinienne de Syrie, quand la guerre a dévasté Yarmouk, dans la banlieue de Damas.
Quand Hanadi a dû prendre la route du Liban, vers un deuxième exil. «Nous étions dans la terreur, la nourriture manquait. On pensait, en cherchant un refuge ici, que ce serait temporaire. Mais cela fait plus de trois ans maintenant.»
Pour les Palestiniens qui vivaient déjà à Chatila, le provisoire ne se compte pas en années, mais en décennies. Le lieu a eu le temps de voir naître plusieurs générations de l’exil. Soixante-neuf ans après que la Croix-Rouge y...