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De nombreux hommages suite au décès du controversé Jacques Vergès

De nombreuses voix ont rendu hommage vendredi à Jacques Vergès, un des avocats français les plus controversés et redoutés, décédé jeudi d'un arrêt cardiaque à l'âge de 88 ans. Certains de ses confrères ont toutefois dénoncé son attitude au procès de Klaus Barbie en 1987.

16 août 2013, 16:34
Jacques Vergès, durant le Festival de Cannes 2007.

Me Vergès s'est éteint en début de soirée chez des amis à Paris, dans la chambre où Voltaire mourut en 1778. «Un lieu idéal pour le dernier coup de théâtre que devait être la mort de cet acteur-né», a écrit dans un communiqué son éditeur Pierre-Guillaume de Roux.

Ce pénaliste narcissique et médiatique a eu une vie de personnage de roman: né dans l'actuelle Thaïlande d'un père réunionnais et d'une mère vietnamienne, résistant, membre du Parti communiste français qu'il quitte en 1957 car «trop tiède» sur l'Algérie (alors encore française), militant anticolonialiste, il s'était imposé comme le défenseur de personnalités condamnées par l'Histoire au motif que, selon lui, «les poseurs de bombes sont des poseurs de questions».

Il s'était rendu célèbre par sa «défense de rupture» consistant à se servir du tribunal comme d'un porte-voix. Une tactique adoptée pendant la guerre d'Algérie quand il défendait des militants indépendantistes du Front de libération nationale (FLN).

Du Cambodge au Valais

Ses clients les plus célèbres avaient un point commun : ils faisaient en général l'unanimité contre eux en Occident, à l'instar de membres de l'internationale terroriste des années 70 et 80 - le terroriste vénézuélien Carlos, l'activiste libanais Georges Ibrahim Abdallah, le criminel de guerre nazi Klaus Barbie, l'ex-dictateur yougoslave Slobodan Milosevic ou l'ancien dirigeant khmer rouge Kieu Samphan.

Me Vergès avait aussi conseillé de nombreux chefs d'Etat africains, de l'Ivoirien Laurent Gbagbo au Malien Moussa Traoré - notamment lorsque ce dernier reprochait au sociologue genevois Jean Ziegler de l'attaquer dans un de ses livres. En Suisse, il avait notamment défendu Muguette Baudat, la mère de Cédric Tornay, le jeune Valaisan accusé d'avoir assassiné le commandant de la Garde suisse pontificale Alois Estermann et son épouse en 1998.

Hommages à «un géant»

De nombreux avocats français ont témoigné vendredi de leur admiration à l'égard de ce «géant». Un des ténors du barreau, Paul Lombard, a ainsi dit vouloir retenir de son confrère le message «que personne n'est indéfendable et (que) tout le monde a droit à un avocat quel que soit le passif qui pèse sur lui».

«Vergès fut un provocateur de talent qui choisit les criminels les plus odieux. Mais un grand avocat gagne ses causes et change le droit», a dit pour sa part l'avocate et eurodéputée Corinne Lepage.

Francis Vuillemin, ancien défenseur de Maurice Papon, voit en Jacques Vergès «l'unique monstre sacré du barreau français.» «Monstre pour ceux que sa liberté totale, son indépendance intégrale et son audace radicale ramenaient à leur médiocrité. Sacré pour ceux qui savent ce qu'est un avocat», a-t-il expliqué.

«Il n'y a pas beaucoup de géants au barreau, mais lui incontestablement en était un», avec «une période glorieuse quand il défendait le FLN algérien et une moins glorieuse quand il a commencé à défendre des mouvances terroristes comme la bande à Baader», a pour sa part jugé l'avocat Georges Kiejman.

«Pas un modèle»

Dans ce concert de louanges, des voix ont émis des bémols, en particulier pour dénoncer son attitude au procès de Klaus Barbie en 1987.

Alain Jakubowicz, qui représentait le Consistoire israélite de France devant la cour d'assises de Lyon a dit que, pour lui, Me Vergès «n'a jamais été un modèle d'avocat». «C'est un homme qui s'est amusé de la vie, il n'en avait rien à foutre des peuples opprimés, ce qui comptait c'était lui», a-t-il déclaré.

«Il est plus exact de qualifier Jacques Vergès de 'personnage' que d'avocat, compte tenu des méthodes de défense très controversées qu'il avait adoptées depuis le procès Barbie», a renchéri Patrick Klugman, parlant d'un «immense acteur qui s'est servi de sa robe d'avocat pour illustrer les rôles qu'il s'était lui même distribués».

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