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Début d'un vaste désarmement chimique en Syrie

Le démantèlement de l'arsenal chimique de Bachar al-Assad en Syrie commencera mardi. Les candidats à l'opération manquent.

30 sept. 2013, 08:12
Des inspecteurs de l'ONU oeuvraient encore à Damas le 26 septembre.

Des experts en armes chimiques vont entamer mardi une des opérations de désarmement les plus ambitieuses et les plus dangereuses jamais tentées, au beau milieu de la Syrie en guerre. Il s'agit d'éliminer plus de 1000 tonnes de produits toxiques, tels le sarin ou le gaz moutarde.

L'ONU et l'OIAC (Organisation pour l'interdiction des armes chimiques) cherchent frénétiquement des candidats prêts à risquer leur vie et à travailler d'arrache-pied pour tenir des délais impossibles.

La résolution du Conseil de sécurité de l'ONU adoptée vendredi soir fait obligation au président syrien Bachar al-Assad de détruire la totalité de ses stocks en quelques mois. Mais les détails du plan élaboré par les Russes et les Américains pour inspecter et nettoyer 45 sites de stockage restent à préciser, selon des diplomates à l'ONU.

De telles opérations ont déjà été entreprises en Irak et en Libye, mais jamais en pleine guerre. Celle en Syrie a fait 100'000 morts en 30 mois et les combats continuent de faire rage.

Des experts estiment qu'il faudra près de 200 inspecteurs et l'OIAC, chargée de faire appliquer une convention, datant de 1993, n'en a pas assez.

Cibles vivantes

Ceux qui se porteront volontaires risquent d'être pris pour cibles par les belligérants et il faudra certainement sortir les précurseurs (produits toxiques) de Syrie pour les détruire dans un environnement sécurisé. Le plan américano-russe prévoit de terminer le travail à la mi-2014, mais la plupart des experts n'y croient pas.

"On n'a jamais mené à bien une opération d'une telle ampleur, et sûrement pas en temps de guerre", souligne Dina Esfandiary, une spécialiste de l'Institut international pour les études stratégiques de Londres. "D'abord, il est très difficile de s'assurer que Bachar al-Assad a bien déclaré tout son arsenal", explique-t-elle à l'AFP.

"Et puis les inspecteurs feront des cibles parfaites dans cette guerre civile. Quiconque voudra saboter l'opération - et je suis sûr que beaucoup voudront le faire - pourra les prendre en joue quand ils visiteront les sites".

Pour Hamish de Bretton-Gordon, ancien officier dans les forces nucléaires et chimiques britanniques, c'est mission impossible en pleine guerre.

Destruction sur place

Les obus ou roquettes chimiques déjà prêtes à l'emploi devront être détruits sur place dans un incinérateur spécial et il sera impossible d'organiser de telles installations en Syrie.

En Irak, les experts creusaient parfois des trous dans le sol en plein désert, versaient de l'essence et actionnaient un détonateur pour brûler les produits chimiques. Pas question de procéder ainsi en Syrie.

"L'idéal serait que les Syriens livrent les armes chimiques à la frontière, où l'ONU et les grandes puissances en prendraient livraison pour les éliminer", suggère M. Bretton-Gordon.

200 spécialistes devront travailler sans relâche pendant six mois pour recenser et transférer tous les produits dangereux. "Mais pour les détruire il faudra beaucoup plus longtemps, peut-être deux ans", précise cet expert qui forme le personnel médical en Syrie à travailler sous la menace d'une attaque chimique.

Coût colossal

Les Etats-Unis et la Russie ont entrepris depuis des années de détruire volontairement leurs arsenaux chimiques, mais ils ont dû demander des délais supplémentaires devant l'ampleur de la tâche.

Moscou et Pékin ont proposé leurs services pour l'opération syrienne. Les Etats-Unis, l'Allemagne et d'autres pays ont aussi offert leur aide technique ou financière.

Le coût s'annonce colossal: selon Bachar al-Assad, l'opération durera un an et coûtera un milliard de dollars. Pour certains experts, ce délai suffira à peine pour inventorier les armes chimiques et les sortir de Syrie. "En termes de ressources l'addition sera salée", estime M. Bretton-Gordon.

"C'est comme un champ de mines: on désamorce une bombe et il en reste toujours une autre à désamorcer", explique un diplomate à l'ONU.

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