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Délation homosexuelle d'un journal en Ouganda

"Les 200 principaux homos d'Ouganda identifiés", annonce un journal ougandais mardi, alors que le pays vient de durcir sa loi à l'encontre de la communauté homosexuelle.

25 févr. 2014, 18:38
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Un journal ougandais a publié mardi les noms de 200 personnalités qu'il prétend homosexuelles, au lendemain de la promulgation d'une loi qui durcit la répression déjà sévère de l'homosexualité dans le pays. Cette publication laisse craindre une recrudescence des actes homophobes largement répandus.

"Mis à nu!", titre en une mardi le tabloïd "Red Pepper", habitué des ragots sordides, à connotation sexuelle de préférence. "Les 200 principaux homos d'Ouganda identifiés", annonce-t-il en sous-titre, à côté des photos d'un responsable d'une association de défense des minorités sexuelles, d'un prêtre catholique populaire, d'une rappeuse renommée et d'une militante reconnue de la cause homosexuelle.

Parmi les noms publiés, tous relativement connus en Ouganda, figurent quelques homosexuels affirmés, mais la grande majorité des personnalités, dont des défenseurs de la cause homosexuelle, n'ont jamais exprimé publiquement leur préférence sexuelle.

Dénonciation obligatoire

"La chasse aux sorcières médiatique est de retour", a twitté Jacqueline Kasha, célèbre militante de la cause homosexuelle en Ouganda, dont le nom avait été publié en octobre 2010 dans le tabloïd local "Rolling Stone" au côté de ceux de 100 prétendus homosexuels, sous le titre "Pendez-les!". Mme Kasha avait fait condamner le journal.

Les relations homosexuelles étaient déjà passibles de la prison à vie en Ouganda, mais la nouvelle loi promulguée lundi par le président Yoweri Museveni prohibe notamment la "promotion" de l'homosexualité et oblige à dénoncer quiconque s'affiche homosexuel(le).

Eglises évangéliques

Les observateurs craignent qu'elle n'encourage le harcèlement et les violences, déjà répandus dans le pays. L'homophobie y est alimentée par les puissantes Eglises évangéliques.

Lundi, la police a dû rappeler à la population qu'elle n'avait pas à faire justice ni à appliquer la loi elle-même, après l'arrestation à Kampala de six hommes qui forcaient à se déshabiller des femmes court vêtues, en vertu d'une loi antipornographie promulguée en février qui interdit notamment les vêtements "provocants".

Même si ses dispositions les plus controversées (qui prévoyaient la peine de mort dans certains cas), ont été abandonnées, cette loi a suscité de sévères critiques des défenseurs des droits de l'Homme et des homosexuels, ainsi que de nombreux partenaires occidentaux de l'Ouganda.

Aide internationale en question

Les Etats-Unis, allié-clef de Kampala, avaient fait savoir que la promulgation de la loi allait compliquer les relations entre les deux pays. Les Pays-Bas, la Norvège et le Danemark ont annoncé la suspension de certaines de leurs aides à l'Ouganda.

Au pouvoir depuis 1986, le président Museveni, chrétien évangélique à la piété affichée, a indiqué ne pas craindre la coupure des aides internationales et justifié cette loi en expliquant qu'on n'était pas "homosexuel de nature", mais par choix.

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