M. Chehade, dont la fonction est en grande partie honorifique, a présenté lundi soir sa démission «irrévocable» au chef de l'Etat et au Congrès (parlement) «dans le but de ne pas causer de préjudice à la bonne image du gouvernement, et de continuer d'instaurer une meilleure gouvernabilité des institutions», selon la lettre rendue publique mardi par le parlement.
Cet avocat et député de 41 ans proche d'Ollanta Humala, était devenu une source d'embarras d'un gouvernement qui a fait de la lutte contre la corruption une priorité, depuis sa mise en cause en octobre pour un trafic d'influence présumé.
Le vice-président était soupçonné d'ingérence dans un conflit social au profit d'un grand groupe agro-alimentaire regional, Wong. Il aurait négocié, avec la hiérarchie de la police, la possibilité d'évincer par la force des salariés occupant une sucrerie depuis des mois.
Une certaine «inexpérience»
M. Chehade avait nié avoir commis un acte illégal mais confessé une certaine «inexpérience» politique. Le président Humala s'était rapidement distancié de son second vice-président, soulignant que chacun devait «assumer ses responsabilités», puis lui suggérant peu après de «faire un pas de côté».
De fait, l'ouverture d'une enquête préliminaire du parquet, puis d'une enquête parlementaire, puis la pression de son propre groupe nationaliste de gauche Gana Peru, avaient poussé M. Chehade à se mettre en disponibilité de la vice-présidence pour, selon lui mieux se défendre. Puis, début décembre, le Congrès l'avait suspendu pour 120 jours.
Après six mois au pouvoir, Ollanta Humala, premier président de gauche en 36 ans au Pérou, jouit de 54% d'opinions favorables, après un regain en janvier, dans la foulée d'un changement de premier ministre et d'un large remaniement ministériel.