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Des toiles de Picasso, Chagall, Renoir, Toulouse-Lautrec retrouvées à Munich

Des tableaux de maître font partie des centaines d'oeuvres retrouvées en Allemagne dans l'appartement d'un octogénaire. Certaines de ces toiles avaient été saisies par les nazis, qui les considéraient comme de "l'art dégénéré".

05 nov. 2013, 14:30
L'immeuble de Munich où ont été trouvées les oeuvres.

Rompant le silence, après les révélations de dimanche dans la presse allemande, le parquet d'Augsbourg (sud de l'Allemagne) a dévoilé lors d'une conférence de presse la nature d'un "trésor" de quelque 1400 oeuvres d'art découvert par hasard lors d'une perquisition en février 2012 au domicile munichois d'un octogénaire, jonché de détritus.

Ces oeuvres sont "d'une qualité tout à fait extraordinaire" et leur découverte a "évidemment provoqué un sentiment de bonheur incroyable", a déclaré Meike Hoffmann, une historienne de l'art de l'université de Berlin, qui assiste la justice sur ce dossier.

Jusqu'au XVIe siècle

Picasso, Chagall, Renoir, Toulouse-Lautrec, Courbet, Matisse, Macke, Dix, Liebermann... La liste des artistes figurant dans cette collection sauvage ferait se pâmer d'envie n'importe quel conservateur de musée. Et il ne s'agit pas que d'art moderne: la pièce la plus ancienne remonte au XVIe siècle, selon Meike Hoffmann.

Au total, ce sont 1406 dessins, aquarelles, lithographies ou tableaux qui ont été trouvés dans l'appartement de Cornelius Gurlitt, fils d'un grand collectionneur d'art qui avait collaboré avec les nazis en les aidant à écouler à l'étranger des oeuvres volées aux juifs.

Lors de la perquisition de l'appartement, le 28 février 2012 - et non en 2011, comme annoncé jusque-là par la presse allemande -, "121 oeuvres encadrées et 1285 sans cadre ont été saisies", a détaillé le procureur général d'Augsbourg, Reinhard Nemetz, précisant que "la valeur théorique" de ces oeuvres d'art "ne saurait être surestimée".

"Art dégénéré"

"Nous avons rapidement eu des éléments concrets laissant penser qu'il s'agissait, pour certaines, d'oeuvres appartenant à "l'art dégénéré" et à des oeuvres volées à des juifs sous le nazisme, a-t-il poursuivi.

Le régime hitlérien avait fait saisir à partir du milieu des années 1930 dans les musées allemands près de 21'000 oeuvres d'artistes qu'il qualifiait "d'art dégénéré", par opposition à l'art "héroïque" officiel. Certaines ont été détruites, d'autres vendues, notamment en Suisse, d'autres ont été rachetées à bas prix par des collectionneurs.

Soupçons de fraude fiscale

Cornelius Gurlitt avait été contrôlé en septembre 2010 par les douanes allemandes non loin d'Augsbourg, dans un train reliant la Suisse à l'Allemagne, avec une importante somme en liquide dans une enveloppe - 9000 euros, selon l'hebdomadaire "Focus".

Tout cela était parfaitement légal, mais les enquêteurs avaient décidé de suivre leur intuition, jusqu'à obtenir quelques mois plus tard l'autorisation de perquisitionner son appartement. L'enquête contre lui porte sur une "fraude fiscale" présumée, mais aussi sur un éventuel "recel", s'il se révèle que certaines des oeuvres ont été volées, a souligné Reinhard Nemetz.

Cornelius Gurlitt vivait depuis des décennies sans avoir d'existence légalement enregistrée en Allemagne, et sans travail. Il subvenait à ses besoins en vendant de temps à autre des dessins de la collection héritée de son père. La galerie bernoise Kornfeld a notamment été en contact avec l'homme, pour la dernière fois en 1990. Elle a vendu pour lui aux enchères des oeuvres sur papier pour une somme inférieure à 40'000 francs, a-t-elle indiqué lundi.

Gurlitt semble par ailleurs atteint de syllogomanie, un trouble obsessionnel qui pousse à une accumulation compulsive d'objets divers, car son appartement était rempli de détritus et de boîtes de conserves périmées, dont certaines depuis près de 30 ans.

Enquête complexe

Selon Siegfried Klöble, responsable des douanes de Munich, les oeuvres étaient "conservées dans de bonnes conditions" et ont été retrouvées "dans un très bon état".

Meike Hoffmann a souligné que "les recherches sur l'origine des oeuvres sont complexes et prennent beaucoup de temps". "L'enquête est vaste, difficile, complexe et va durer", a souligné aussi le procureur général.

Ce dernier a toutefois exclu que des photos des oeuvres soient mises en ligne pour faciliter leur identification ou la recherche des propriétaires légitimes, car cela pourrait être contraire à l'intérêt de ces derniers.

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