Depuis 1974 et le premier choc pétrolier, les finances publiques de la France ont fini chaque année et sans exception dans le rouge. La dette publique n'a cessé de se creuser pour franchir fin 2011 le cap des 1700 milliards d'euros. En un an, elle s'est accrue de plus de 100 milliards.
Pour la première fois en 2012, les intérêts de la dette devraient former le premier poste budgétaire de l'Etat, devant l'Education nationale et la Défense. Le 13 janvier, lorsque Standard & Poor's a retiré son «triple A» à la France, une explosion des taux était redoutée. Elle n'a pas eu lieu.
La dette demeure une épée de Damoclès sur l'économie française qui reste vulnérable. Un dérapage incontrôlé des finances publiques espagnoles, par exemple, pourrait provoquer une hausse insupportable des taux.
Une priorité
Trois des principaux protagonistes de la présidentielle, Nicolas Sarkozy, François Hollande et François Bayrou font du retour à l'équilibre des finances publique une priorité, sinon leur priorité numéro un. Une ligne commune est fixée jusqu'à 2013 avec une réduction des déficits publics qui seraient ramenés de 5,2% du produit intérieur brut l'an dernier à 3%.
Les chemins divergent un peu pour la suite. Nicolas Sarkozy et François Bayrou visent l'équilibre dès 2016, François Hollande, un an plus tard, en toute fin de quinquennat. Quant à Marine Le Pen, elle évoque 2018. Jean-Luc Mélenchon ne se fixe aucune échéance.
Les méthodes
Nicolas Sarkozy inscrirait son action dans la continuité de son premier mandat. Il prévoit un effort de 125 milliards d'euros reposant sur deux tiers d'économies et un tiers d'impôts nouveaux. Le candidat de l'UMP entend même dégager un excédent budgétaire de 0,5% du PIB en 2017.
François Hollande parle de 100 milliards, répartis à parts à peu près égales entre baisse des dépenses et recettes nouvelles, tout comme François Bayrou d'ailleurs. Marine Le Pen prône des «économies progressives» de 5 à 70 milliards d'euros par an, ainsi qu'une «monétisation» de la dette par la Banque de France à hauteur de 100 milliards, la fameuse planche à billets.
Une option partagée par Jean-Luc Mélenchon qui mettrait plutôt à contribution la Banque centrale européenne (passant outre, de son propre aveu, le traité de Lisbonne). Le candidat du Front de gauche envisage aussi un «emprunt forcé sur les banques», la taxation des riches, voire un effacement partiel de l'ardoise.
Règle d'or
S'il était réélu, Nicolas Sarkozy ferait graver dans le marbre le retour à l'équilibre budgétaire en 2016 par le vote d'une «règle d'or» dès l'été au Parlement.
François Bayrou en est également un chaud partisan. Le candidat socialiste a précisé qu'il inscrirait plutôt l'objectif d'un retour à l'équilibre budgétaire en 2017 dans une «loi de programmation pluriannuelle des finances publiques» qui serait présentée au Parlement réuni en session extraordinaire, dès l'été également.
Marine Le Pen «exige d'abord que la France sorte de la soumission totale aux marchés». Quant à Jean-Luc Mélenchon, il a jugé le principe de cette règle «ridicule» et «grotesque» et même «dangereux et criminel», estimant qu'elle provoquerait «l'extinction du moteur économique».