Ces perspectives ont été présentées vendredi par Philippe Guys, directeur de la branche exploration au Royaume-Uni. Le groupe s'exprimait pour la première fois dans le cadre d'une conférence de presse à Aberdeen, en Ecosse, cinq jours après l'incident.
Dans le premier scénario, Total veut injecter des boues à haute densité, si les conditions de sécurité permettent d'approcher les lieux. A défaut, deux puits de dérivation seront forés pour soulager la pression du gaz et permettre l'injection des boues pour sceller le puits.
«Pour cela, nous avons suspendu les opérations de deux de nos appareils de forage pour les rendre disponibles, pour travailler sur les puits de dérivation», a précisé M. Guys à la presse.
La fuite prend son origine environ 1500 mètres au-dessus du réservoir principal en activité, à 5500 mètres en dessous du niveau de la mer, soit à 4000 m de profondeur, a-t-il précisé. Le gaz à haute pression s'échappe à hauteur de la plate-forme.
Le danger serait que ce gaz, qui se répand en mer sous forme de condensat ou de nuage volatil, entre en contact avec la torchère qui brûle le gaz résiduel resté dans la plate-forme après son arrêt et son évacuation par Total. Le groupe espère que la torchère s'éteindra spontanément. Les vols de surveillance effectués jeudi ont montré un affaiblissement de la flamme, a estimé la compagnie.
Eteindre la torchère
Le ministère britannique de l'Energie a pour sa part estimé que l'extinction de la torchère était «une priorité» pour Total. «Tant qu'elle brûle, la torchère pose un risque (...)», a-t-il résumé.
Un communiqué du ministère énumère trois options: utiliser un hélicoptère pour arroser la flamme avec de l'eau ou un autre produit; utiliser les bateaux de lutte contre les incendies positionnés sur la zone; injecter de l'azote, ce qui suppose d'accéder en toute sécurité à la plateforme.
Toujours selon le ministère, les vols de surveillance de la zone montrent une extension de la nappe d'hydrocarbure à la surface de la mer, d'une surface de 22 km sur 4,5 km, avec un volume de condensat de gaz dans l'eau de 3,8 tonnes. «Le ministère britannique considère qu'il n'y a toujours pas de risque substantiel pour l'environnement», conclut son communiqué.
Pépins en février
Le groupe Total a révélé vendredi que les premiers problèmes sur le puits G4 de la plate-forme avaient été décelés le 25 février déjà. Le groupe a alors injecté des boues pour étouffer le gaz. «Pendant ce processus, nous avons observé une forte augmentation de la pression suivie d'expulsion de boues et de gaz», a-t-il dit.
Suite à cet incident, Total a vérifié tous ses autres puits sur le champ d'Elgin, et aucun n'a montré d'anomalie, a-t-il précisé.
Le groupe a conservé «quelques effectifs» sur une plate-forme voisine à des fins de surveillance, la situation ne présentant pas de danger pour eux à cette distance, selon Total.
Loin de Deepwater
Depuis l'accident, Total a dégringolé à la Bourse de Paris, chutant de près de 8% sur la semaine. Les agences de notation et les analystes ont commencé à faire leurs comptes.
Les experts s'accordent sur le fait que cet accident ne devrait pas provoquer des dégâts sur l'environnement comparables à l'explosion en 2010 de la plateforme Deepwater Horizon exploitée par BP dans le golfe du Mexique. Le groupe britannique a été obligé de provisionner 37,2 milliards de dollars dans ses comptes.
Moody's a estimé que les probabilités d'un dommage environnemental significatif «sont relativement basses pour le moment».
Côté finances, l'agence chiffre à 550 millions de dollars sur une année l'impact en termes de perte de production... à comparer avec les 17 milliards de dollars de bénéfice opérationnel dégagés en 2011 par le groupe français, qui a les reins solides.