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Deux interventions pour stopper la fuite de gaz en mer du Nord

Total a mis en oeuvre deux interventions «en parallèle» pour stopper la fuite de gaz sur sa plate-forme du champ d'Elgin en mer du Nord. La première vise à étouffer le puits à partir d'une base flottante. La seconde consiste à forer deux puits de dérivation.

30 mars 2012, 18:18
La fuite de gaz sur Elgin-Franklin a formé un nuage suffisamment dense pour être visible d'autres plates-formes de la mer du Nord, ce qui n'est pas le cas sur cette photo d'archive. Shell a décidé de suspendre, par mesure de précaution, ses activités de forage sur l'une d'entre elles.

Ces perspectives ont été présentées vendredi par Philippe Guys,  directeur de la branche exploration au Royaume-Uni. Le groupe  s'exprimait pour la première fois dans le cadre d'une conférence de  presse à Aberdeen, en Ecosse, cinq jours après l'incident.

Dans le premier scénario, Total veut injecter des boues à haute densité, si les conditions de sécurité permettent d'approcher les  lieux. A défaut, deux puits de dérivation seront forés pour soulager  la pression du gaz et permettre l'injection des boues pour sceller le puits.

«Pour cela, nous avons suspendu les opérations de deux de nos appareils de forage pour les rendre disponibles, pour travailler sur  les puits de dérivation», a précisé M. Guys à la presse.

La fuite prend son origine environ 1500 mètres au-dessus du  réservoir principal en activité, à 5500 mètres en dessous du niveau  de la mer, soit à 4000 m de profondeur, a-t-il précisé. Le gaz à  haute pression s'échappe à hauteur de la plate-forme.

Le danger serait que ce gaz, qui se répand en mer sous forme de  condensat ou de nuage volatil, entre en contact avec la torchère qui  brûle le gaz résiduel resté dans la plate-forme après son arrêt et  son évacuation par Total. Le groupe espère que la torchère  s'éteindra spontanément. Les vols de surveillance effectués jeudi  ont montré un affaiblissement de la flamme, a estimé la compagnie.

Eteindre la torchère

Le ministère britannique de l'Energie a pour sa part estimé que  l'extinction de la torchère était «une priorité» pour Total. «Tant  qu'elle brûle, la torchère pose un risque (...)», a-t-il résumé.

Un communiqué du ministère énumère trois options: utiliser un  hélicoptère pour arroser la flamme avec de l'eau ou un autre  produit; utiliser les bateaux de lutte contre les incendies  positionnés sur la zone; injecter de l'azote, ce qui suppose  d'accéder en toute sécurité à la plateforme.

Toujours selon le ministère, les vols de surveillance de la zone  montrent une extension de la nappe d'hydrocarbure à la surface de la  mer, d'une surface de 22 km sur 4,5 km, avec un volume de condensat  de gaz dans l'eau de 3,8 tonnes. «Le ministère britannique considère  qu'il n'y a toujours pas de risque substantiel pour  l'environnement», conclut son communiqué.

Pépins en février

Le groupe Total a révélé vendredi que les premiers problèmes sur  le puits G4 de la plate-forme avaient été décelés le 25 février  déjà. Le groupe a alors injecté des boues pour étouffer le gaz.  «Pendant ce processus, nous avons observé une forte augmentation de  la pression suivie d'expulsion de boues et de gaz», a-t-il dit.

Suite à cet incident, Total a vérifié tous ses autres puits sur  le champ d'Elgin, et aucun n'a montré d'anomalie, a-t-il précisé.

Le groupe a conservé «quelques effectifs» sur une plate-forme  voisine à des fins de surveillance, la situation ne présentant pas  de danger pour eux à cette distance, selon Total.

Loin de Deepwater

Depuis l'accident, Total a dégringolé à la Bourse de Paris,  chutant de près de 8% sur la semaine. Les agences de notation et les  analystes ont commencé à faire leurs comptes.

Les experts s'accordent sur le fait que cet accident ne devrait  pas provoquer des dégâts sur l'environnement comparables à  l'explosion en 2010 de la plateforme Deepwater Horizon exploitée par  BP dans le golfe du Mexique. Le groupe britannique a été obligé de  provisionner 37,2 milliards de dollars dans ses comptes.

Moody's a estimé que les probabilités d'un dommage  environnemental significatif «sont relativement basses pour le  moment».

Côté finances, l'agence chiffre à 550 millions de dollars sur une  année l'impact en termes de perte de production... à comparer avec  les 17 milliards de dollars de bénéfice opérationnel dégagés en 2011  par le groupe français, qui a les reins solides.

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