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Egypte: arrestation du chef des Frères musulmans ordonnée

La justice égyptienne a ordonné mercredi l'arrestation du chef ainsi que d'autres responsables des Frères musulmans.

10 juil. 2013, 19:45
Le chef des Frères Musulmans Mohamed Badie.

Le parquet égyptien a ordonné mercredi l'arrestation du guide suprême et d'autres responsables des Frères musulmans, dont est issu le président destitué Mohamed Morsi. Hazem el Beblaoui, nommé la veille Premier ministre ad interim, a dit vouloir s'atteler immédiatement à la formation d'un gouvernement.

La justice recherche Mohamed Badie, guide de la confrérie islamiste, son adjoint Mahmoud Ezzat, et Essam el Erian et Mohamed el Beltagui, responsables de l'aile politique du mouvement, pour incitation à la violence lors des affrontements du début de semaine.

Une fusillade a fait lundi 53 morts et 480 blessés au Caire devant la caserne de la garde républicaine, où serait détenu Mohamed Morsi. En tout, une centaine de personnes ont été tuées depuis que l'ex-chef de l'État a été déposé le 3 juillet par l'armée après des manifestations populaires massives.

Selon Gehad al Haddad, porte-parole des Frères musulmans, qui dénonce une tentative visant à mettre fin aux manifestations de la confrérie, aucun des cadres recherchés n'a été interpellé.

Plus de 450 militants des Frères musulmans ont en outre été libérés sous caution, mais la détention de 206 autres a été prolongée de quinze jours, en raison de leur implication supposée dans les heurts de lundi.

Amnesty proteste

La confrérie, qui a appelé au "soulèvement" après ce "massacre", a accusé des soldats et des policiers d'avoir ouvert le feu sans aucune raison sur les manifestants. L'armée a elle assuré avoir répliqué à une attaque de "terroristes armés".

Mais Amnesty International (AI) et un collectif de 15 ONG locales ont critiqué un usage "disproportionné" de la force de la part des nouvelles autorités, et réclamé une enquête indépendante.

"Même si certains manifestants ont pu se montrer violents, la réponse (de l'armée) a été disproportionnée et est à l'origine de décès et de blessures", a estimé AI.

Au Caire, des milliers de sympathisants des Frères musulmans continuaient à manifester en silence autour de la mosquée Rabaa Adaoueya, dans le nord-est de la capitale. L'armée compte sur le début du ramadan pour apaiser les tensions. Mais une manifestation "d'envergure" était annoncée pour mercredi soir par la confrérie.

"Difficile de satisfaire tout le monde"

Au plan politique, le nouveau Premier ministre Hazem el Beblaoui devait entamer des consultations pour former un gouvernement de transition, dans un climat très tendu entre le camp des laïcs anti-Morsi et les partisans de l'ex-président. Il a affirmé sa volonté de consulter en priorité Mohamed ElBaradeï et Ziad Bahaa-Eldin, chefs de file du courant libéral.

Hazem el Beblaoui, 76 ans et détenteur du portefeuille des Finances de juillet à décembre 2011, a néanmoins reconnu qu'il serait difficile de faire l'unanimité et qu'il ne pourrait "satisfaire tout le monde".

Dans la foulée de sa nomination, un porte-parole de la présidence a indiqué que M. Beblaoui allait proposer "quelques postes" aux Frères musulmans au sein du gouvernement de transition.

Prudence des salafistes

Mais cette tentative de main tendue a été sèchement rejetée par la confrérie. "Nous ne pactisons pas avec des putschistes. Nous rejetons tout ce qui émane de ce coup" militaire, a déclaré le porte-parole Tareq al-Morsi.

Les salafistes d'Al Nour, deuxième parti islamiste après les Frères musulmans, ont fait savoir qu'ils ne siégeraient pas au gouvernement, mais qu'ils ne s'opposaient pas à la nomination de M. Beblaoui. Ils avaient empêché en fin de semaine dernière la désignation à ce poste de Mohamed ElBaradeï, nommé désormais vice-président chargé des Affaires étrangères.

Morsi en lieu sûr

Quant au président destitué Mohamed Morsi, arrêté après sa destitution, il ne fait "pour l'heure l'objet d'aucune poursuite" judiciaire, a par ailleurs assuré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Badr Abdelatty. Il se trouve "en lieu sûr, pour son propre bien, et il est traité dignement", a-t-il avancé.

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