Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Egypte: Hosni Moubarak condamné à la prison à vie

Hosni Moubarak a été condamné à la prison à vie samedi au Caire, pour la mort de près de 850 manifestants durant la révolte de 2011 contre son régime.

02 juin 2012, 18:34
moubarak

Le président égyptien déchu Hosni Moubarak a été condamné samedi à la prison à vie pour la mort de près de 850 manifestants durant la révolte de 2011 contre son régime. En revanche, six anciens hauts responsables de la sécurité ont été acquittés, ce qui a suscité de nombreuses protestations.

L'un des avocats de M. Moubarak, 84 ans, a aussitôt annoncé que son client allait faire appel. Son ancien ministre de l'Intérieur Habib el-Adli, jugé lui aussi pour la mort des manifestants, a également écopé de la réclusion à perpétuité.

Six anciens hauts responsables des services de sécurité ont en revanche été acquittés. Les deux fils de M. Moubarak, Alaa et Gamal, n'ont pas été condamnés. Les faits de corruption qui leur étaient reprochés sont prescrits, selon le président de la Cour, le juge Ahmed Rifaat.

Premier des dirigeants emportés par le "Printemps arabe" à comparaître en personne devant la justice, M. Moubarak était jugé depuis le 3 août 2011. La peine capitale avait été requise contre l'ancien chef d'Etat, qui plaidait non coupable.

"Qui a tué les manifestants?"

Ce verdict paraît trop clément pour certains qui espéraient la peine de mort pour M. Moubarak. Son annonce, ainsi que celle de l'acquittement des six anciens responsables de la sécurité, a provoqué la colère, notamment de quelques centaines de personnes qui ont manifesté place Tahrir au Caire.

Les Frères musulmans, première force politique d'Egypte, ont appelé à descendre en masse dans la rue. "Si les chefs de la police sont innocents, alors qui a tué les manifestants?", a dit un haut responsable des Frères, Mahmoud Ghozlan.

Le verdict est "une farce" et il faut "un nouveau procès avec les preuves nécessaires en vue d'une juste punition", selon Mohammed Morsi, candidat des Frères. M. Morsi affrontera le dernier Premier ministre de M. Moubarak, Ahmad Chafiq, au second tour de la présidentielle les 16 et 17 juin.

M. Chafiq a de son côté affirmé que les décisions de justice "doivent être acceptées", y compris l'acquittement des six hauts responsables de la sécurité.

Impassible

Comme pendant toutes les audiences de son procès, M. Moubarak a comparu couché sur une civière en raison de son état de santé, qui a fait l'objet de nombreuses spéculations. Ses opposants l'accusent de jouer la comédie pour s'attirer la compassion.

Le regard cette fois caché par des lunettes de soleil, il est resté impassible tout au long de l'audience. Mais une fois arrivé à la prison de Tora, il a refusé en pleurant de quitter l'hélicoptère qui le transportait avant de céder, selon une source de sécurité.

Pendant l'audience, ses fils Alaa et Gamal, vêtus de la tenue blanche des prévenus, avaient l'air grave et les yeux cernés. Ils ont eu les larmes aux yeux après la lecture des verdicts.

Un autre procès les concernant doit s'ouvrir prochainement pour une affaire de corruption boursière. Ils resteront en détention en attendant. De brefs heurts ont éclaté après la lecture des verdicts dans la salle, mais aussi devant le tribunal, faisant 24 blessés légers.

Déni de justice

Pour l'avocat et militant des droits de l'Homme Hossam Bahgat, "le verdict soulève plus de questions qu'il n'apporte de réponses". "Les Egyptiens se sentent vengés de voir Moubarak et son ministre de l'Intérieur condamnés à la prison à vie, mais (...) la Cour semble ne pas avoir trouvé de preuves que les meurtres aient été commis par des policiers", a-t-il commenté. "Il semble que la Cour ait condamné Moubarak et Adli pour avoir échoué à empêcher les meurtres".

Pour leur part, Amnesty International et Human Rights Watch estiment que l'acquittement des six responsables était un déni de justice qui pourrait encourager une culture d'impunité dans la police.

Le juge Rifaat a eu a des mots très durs pour la situation de l'Egypte sous Hosni Moubarak, faisant référence à la pauvreté de la population et à ceux qui vivaient dans "la pourriture des bidonvilles". Il a également rendu hommage aux manifestants qui "se dirigeaient vers la place Tahrir pacifiques, demandant seulement justice, liberté, démocratie".

Votre publicité ici avec IMPACT_medias