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Egypte: la colère monte un jour avant une présidentielle cruciale

La transition vers la démocratie en Egypte semblait en péril vendredi après l'invalidation des législatives remportées par les islamistes. Le candidat islamiste affronte une figure de l'ancien régime au second tour de la présidentielle prévu samedi et dimanche.

15 juin 2012, 18:35
Les bureaux de vote ont ouvert mercredi à 08h00 en Egypte pour la première élection présidentielle depuis la chute d'Hosni Moubarak il y 15 mois. Le premier tour du scrutin se déroule jusqu'à jeudi.Download from www.picturedesk.com at 23.05.2012 (10:50). 
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La décision de la Cour constitutionnelle d'invalider jeudi les résultats du scrutin législatif pour un vice dans la loi électorale a été qualifiée par les islamistes et les forces politiques issues de la mouvance «révolutionnaire» de véritable «coup d'Etat» orchestré par l'armée au pouvoir.

Quelques centaines de manifestants se sont rassemblés vendredi en début de soirée sur la place Tahrir au Caire pour protester contre la décision de la Cour constitutionnelle.

La mise hors-jeu de l'Assemblée pourrait permettre au Conseil suprême des forces armées (CSFA) de reprendre à son compte le pouvoir législatif, comme dans la période entre la chute de Hosni  Moubarak en février 2011 et la première session du nouveau Parlement un an plus tard.

«Le scénario de la contre-révolution est bien clair à travers une série d'épisodes, des acquittements dans le procès de Moubarak (le 2  juin) à la décision de donner à la police militaire et aux  renseignements militaires le pouvoir d'arrêter des civils, pour finir par l'invalidation du Parlement», a dit un collectif de partis de gauche, laïques et libéraux.

Critique par des partis

«Toutes ces mesures démontrent que le CSFA est déterminé à reproduire l'ancien régime et que la présidentielle n'est qu'une mauvaise comédie visant à permettre au CSFA de renforcer son emprise sur les rouages de l'Etat et de les mettre au service du candidat de l'ancien régime, Ahmad Chafiq», ont dénoncé ces partis dans un  communiqué.

Pour Khalil al-Anani, spécialiste du Moyen-Orient à l'université britannique de Durham, «ce qui se passe fait partie du plan global  de transition mis au point par les militaires, qui essaient depuis  près d'un an et demi d'absorber le choc de la révolution».

«Cela relève avant tout d'une stratégie politique pensée de façon sérieuse par l'institution militaire, qui essaie de garder la totalité des options ouvertes quel que soit le résultat de la  présidentielle», souligne Mathieu Guidère, spécialiste du monde musulman à l'université de Toulouse.

Le candidat des Frères musulmans pour la présidence, Mohammed  Morsi, a toutefois dit qu'il respectait la décision de la Cour, qui a aussi invalidé une loi privant les piliers de l'ancien régime de  leurs droits civiques, permettant ainsi à Ahmad Chafiq, le dernier Premier ministre de Moubarak, de rester dans la course.

Mise en garde par Morsi

«Le peuple égyptien qui a élu dans la liberté et la transparence  ses députés est en mesure de réélire d'autres personnes qui protègeront les acquis de la révolution que des personnes veulent confisquer», a déclaré le président de l'Assemblée du peuple, l'islamiste Saad al-Katatni. «Le peuple est bien déterminé à protéger sa révolution contre les  corrompus de l'ancien régime», a renchéri M. Morsi.

M. Chafiq, arrivé en deuxième position au 1er tour fin mai après une campagne axée sur le thème du rétablissement de la sécurité, a multiplié ces derniers jours les promesses de «reconstruire un Etat  et une économie modernes», de «lancer des grands projets pour résorber le chômage» et de «garantir les libertés individuelles et de la presse».
Il a salué un jugement «historique» de la Cour constitutionnelle,  affirmant lors d'un meeting au Caire qu'il renforçait sa légitimité.

Plus de 13 000 bureaux de vote

L'armée a elle averti dans une déclaration reproduite par  l'agence officielle MENA vendredi qu'elle ferait «fermement face à quiconque empêcherait les citoyens de choisir le futur président de  l'Egypte».
Elle a aussi annoncé le déploiement de 150'000 militaires pour assurer la sécurité dans plus de 13'000 bureaux de vote au total à travers le pays.

Pour inciter les quelque 50 millions d'électeurs potentiels à se  rendre aux urnes, les autorités ont décrété samedi et dimanche jours fériés.

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