Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Elections: chefs séparatistes légitimés à l'Est, l'Ukraine évoque une "farce"

Le "premier ministre" de la république autoproclamée de Donetsk, Alexandre Zakhartchenko" a été élu président avec un score soviétique de 81,37%.

03 nov. 2014, 06:31
Le "premier ministre" de la république autoproclamée de Donetsk (DNR) Alexandre Zakhartchenko a été élu "président" avec 81,37% des voix, selon un sondage à la sortie des urnes.

L'Est séparatiste prorusse de l'Ukraine a légitimé dimanche les dirigeants des républiques autoproclamées dans un vote dénoncé comme "une farce" par Kiev. Ce scrutin pourrait remettre en cause le fragile processus de paix entre l'Ukraine et la Russie. Il a été qualifié de "nouvel obstacle" par l'UE.

Le "premier ministre" de la république autoproclamée de Donetsk (DNR) Alexandre Zakhartchenko a été élu "président" avec 81,37% des voix, selon un sondage à la sortie des urnes. Le résultat a été annoncé par Roman Liaguine, chef de la commission électorale mise en place pour ce vote par la DNR.

A peine élu, M. Zakhatchenko a fustigé l'Ukraine qui "ne veut pas la paix" et "joue un double jeu": "nous sommes prêts au dialogue avec eux, mais nous attendons de leur part une attitude normale et raisonnable", a-t-il déclaré.

Le parti de ce mécanicien de 38 ans a obtenu plus de 65% aux élections législatives. Avant d'être nommé premier ministre en août, il avait dirigé à Donetsk la cellule locale d'un groupe paramilitaire, Oplot, dont le chef avait publiquement appelé à "crever un oeil ou casser une jambe" aux opposants pro-européens.

A Lougansk, autre place forte des séparatistes, l'ex-militaire de 50 ans Igor Plotnitski, très attaché au passé soviétique, a également été élu avec plus de 63% des suffrages, tout comme sa formation politique majoritaire au "Parlement" de Lougansk.

A Donetsk, les électeurs, tous âgés, étaient nombreux, selon des journalistes de l'AFP. Mais il restait difficile de se faire une idée du taux de participation dans la mesure où le nombre de bureaux de vote ouverts était moindre que d'habitude. Aucune organisation internationale n'a envoyé d'observateurs pour ces élections.

Déjà 4000 morts

Les élections dans les républiques autoproclamées de Donetsk et Lougansk, que Moscou a "reconnu" en soirée, risquent de sceller la perte de contrôle par Kiev des territoires rebelles, à l'issue d'un conflit de six mois qui a fait plus de 4000 morts.

"Les élections ont eu lieu dans le calme, avec un taux de participation élevé", s'est félicité le ministère russe des Affaires étrangères. "Ceux qui ont été élus ont obtenu un mandat pour résoudre les problèmes pratiques afin de rétablir la vie normale dans les régions" de l'est de l'Ukraine, a ajouté la diplomatie russe.

Le président pro-occidental Petro Porochenko, élu en mai après la contestation du Maïdan à Kiev ayant entraîné la chute du régime prorusse, a pour sa part qualifié ces scrutins de "farce menée sous la menace des chars" et d'un "défi" auquel l'Ukraine répondra "de façon adéquate".

Les Occidentaux fustigent

Les Occidentaux ont d'ores et déjà fustigé ce scrutin. Il va compliquer les efforts de la paix dans la crise ukrainienne, ayant entraîné la pire dégradation des relations avec la Russie depuis la fin de la guerre froide.

L'Union européenne (UE) a estimé dimanche en soirée que le vote était illégal et ne serait pas reconnu. Selon le nouveau chef de la diplomatie de l'UE, Federica Mogherini, ces élections étaient "contraires à la lettre et à l'esprit" des accords conclus en septembre à Minsk entre Kiev et les rebelles.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, à l'instar de Bruxelles, avait estimé que ce scrutin allait "sérieusement ébranler les accords de Minsk" signés le 5 septembre entre Kiev, les rebelles, Moscou et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Colonne russe

En pleines élections, un porte-parole militaire ukrainien a dénoncé un déploiement "intense d'équipements et de troupes" en provenance de Russie. Il était interrogé sur les images et vidéos diffusées par des médias ukrainiens sur lesquelles on voit plusieurs dizaines de camions militaires sans plaques d'immatriculation, présentés comme une "colonne russe dans les rues de Donetsk".

Des journalistes de l'AFP ont observé dimanche après-midi une colonne d'une vingtaine de camions militaires, dont plusieurs transportant des mitrailleuses antiaériennes allant vers l'aéroport de Donetsk, épicentre des combats ces derniers mois entre rebelles et forces ukrainiennes.

Sur le terrain, le cessez-le-feu qui en découle semble être de plus en plus virtuel, avec une reprise des combats dans plusieurs zones qui ont fait plus de 300 morts au cours des dix derniers jours, selon un bilan établi par l'ONU. L'armée ukrainienne a ainsi perdu dix hommes au cours du week-end.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias