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Enterrement de Chokir Belaïd: journée de violence à Tunis

La Tunisie a enterré ce vendredi son leader de l'opposition, Chokir Belaïd assassiné mercredi. De violentes manifestations ont accompagné la cérémonie. L'état de grève générale était déclaré.

08 févr. 2013, 19:06
La Tunisie s'est soulevée ce vendredi.

 La Tunisie a été paralysée par une grève générale vendredi au surlendemain de l'assassinat de Chokir Belaïd. Les obsèques de l'opposant ont vu affluer une foule immense à Tunis. Des heurts y ont éclaté malgré un imposant dispositif policier.

Dès le début de matinée, et malgré quelques averses, des milliers de Tunisiens sont venus pour saluer la dépouille de l'opposant assassiné mercredi.

Les youyous et les sanglots des femmes retentissaient dans les rues du quartier de même que les slogans contre Ennahda, le parti islamiste au pouvoir.

"Le peuple veut la chute du régime", "le peuple veut une nouvelle révolution", a scandé la foule à l'entrée du cimetière d'El-Jellaz. Elle a ensuite invectivé le chef d'Ennahda Rached Ghannouchi: "Ghannouchi assassin", "Ghannouchi prends tes chiens et pars".

L'oraison funèbre a été prononcée par Hamma Hammami, dirigeant du Front populaire, la coalition de partis de gauche et d'extrême gauche à laquelle appartenait le défunt. "Repose en paix Chokri, nous continuerons sur ta voie", a-t-il déclaré. Le défunt avait 48 ans. Aucune indication n'a été donnée sur les auteurs de son meurtre.

50'000 personnes

Le cercueil, enveloppé dans un drapeau tunisien, a été enterré vers 16h00, tandis que des milliers de voix criaient "Allah Akbar" (Dieu est le plus grand). Ils ont aussi entonné l'hymne national et récité la prière de la fatiha, premier verset du Coran.

Ces funérailles ont attiré une foule estimée à au moins 50'000 personnes. Jamais autant de monde ne s'était rassemblée pour des obsèques en Tunisie depuis celles, en 2000, d'Habib Bourguiba le "père" de l'indépendance et premier président du pays.

Gaz lacrymogènes

Ces obsèques ont été émaillées de troubles. Des casseurs venus de quartiers proches du cimetière ont incendié des voitures, agressé des civils et jeté des pierres sur la police. Celle-ci a répliqué par des gaz lacrymogènes face au cimetière.

Sur l'avenue Habib Bourguiba au coeur de Tunis, les policiers ont pourchassé à coup de matraque et de gaz lacrymogènes des dizaines de jeunes hostiles au pouvoir. Ceux-ci scandaient "dégage, dégage", cri de ralliement lors de la révolution de 2011 qui a renversé le régime de Zine El Abidine Ben Ali.

Des militaires ont été déployés devant les principales administrations à Zarzis (sud), ainsi qu'à Sidi Bouzid, berceau de la révolution de 2011. Dans ces villes et ailleurs, des centaines de personnes défilaient en scandant "Assassins" et "Chokri repose-toi, on continuera ton combat".

Grève générale

Pour les funérailles, le pays était paralysé par une grève générale à l'appel de partis et du principal syndicat, l'Union générale tunisienne du travail (UGTT). Ce dernier avait souhaité une "grève pacifique contre la violence", tandis que les autorités avaient demandé aux citoyens "d'éviter tout ce qui porterait atteinte à la sécurité publique".

La grève a été largement suivie. Tous les vols ont été annulés à l'aéroport de Tunis-Carthage, le principal du pays. Maintes entreprises, des banques et magasins avaient gardé leurs portes closes. Des services d'urgences ou des épiceries restaient néanmoins ouvertes, selon l'UGTT.

Ce débrayage intervient dans un contexte économique et social très tendu. Les conflits sociaux et les manifestations se multiplient en raison du chômage et de la misère, deux facteurs clé de la révolution.

Etat d'urgence

L'état d'urgence est d'ailleurs toujours en vigueur depuis la révolution. Les autorités peinent à rétablir la sécurité après la recrudescence des violences, les plus graves ayant impliqué des groupuscules islamistes radicaux.

L'assassinat de M. Belaïd a aggravé la crise politique. Des divisions sont apparues entre modérés d'Ennahda - représentés par le Premier ministre Hamadi Jebali - et une frange plus radicale rangée derrière M. Ghannouchi. Le Premier ministre a déclaré qu'il restait sur sa position de former un gouvernement de technocrates, malgré un désaveu de son parti Ennhada.

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