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Esclaves à Londres: une plongée au coeur d'une "secte" maoïste

C'est à une plongée dans l'univers d'une quasi-secte maoïste des années 70 que ressemble l'enquête sur les trois femmes séquestrées par un couple durant 30 ans dans le sud de Londres. Le trio libéré a enfin pu être interrogé par les experts.

28 nov. 2013, 07:37
Les trois femmes ont été enfermées pendant 30 ans dans cette maison de Lambeth, dans le sud de Londres.

L'enquête sur la découverte de trois femmes - malaisienne, irlandaise et britannique - retenues pendant près de 30 ans au domicile d'un mystérieux couple, dans un quartier multiethnique de Londres, s'apparente à une plongée dans l'univers bizarroïde d'une quasi-secte maoïste des années 70.

Pour la première fois depuis le début de cette affaire, les enquêteurs ont pu interroger mercredi le trio libéré il y a un mois. Jusqu'à présent, les experts en traumatisme n'avaient pas donné leur feu vert, a indiqué la police qui veut désormais mieux "comprendre" ce qui s'est passé.

Des éléments ont surgi de Malaisie où la police a confirmé que l'une de ces trois femmes était Siti Aishah Abdul Wahab, une Malaisienne de 69 ans. Celle-ci avait quitté son pays à la fin des années 60 avec son fiancé malaisien pour aller étudier au Royaume-Uni, mais le couple avait rompu et la famille avait perdu sa trace, a raconté son beau-frère, Mohamad Noh Mohamad Dom.

Militantes d'une secte

Selon les médias britanniques, les auteurs présumés de ces séquestrations, un homme de 73 ans d'origine indienne et sa femme d'origine tanzanienne de 67 ans, avaient fondé à Brixton, quartier multi-ethnique du sud de Londres, l'Institut des travailleurs sur la pensée du Marxisme-Léninisme-Mao Tsé-toung. Un collectif qualifié de "secte" par la presse.

Un professeur de l'Université d'Oxford qui a étudié le mouvement a conclu que l'auteur présumé des séquestrations y "avait le pouvoir d'un gourou". Celui que l'on appelait "Camarade Bala" interprétait les "oracles" maoïstes dans une atmosphère fervente et assurait à ses fidèles que l'Armée populaire de libération de Chine devait procéder à une invasion révolutionnaire du Royaume-Uni en 1980.

Deux des trois femmes, dont la libération des griffes du couple a suscité la stupeur en Grande-Bretagne, étaient des militantes de cette secte. La plus jeune, une Britannique de 30 ans, était une fille de militante.

Arrêtées en 1978

Selon plusieurs médias, la Malaisienne, âgée de 69 ans, a récemment eu un accident vasculaire cérébral, mais était laissée sans traitement, ce qui a incité l'Irlandaise, 57 ans, à demander de l'aide, prélude à leur libération. Des photos de presse les montrent toutes deux en train de courir derrière le leader de la secte dans une rue de Londres en 1997.

L'Irlandaise serait Josephine Herivel, fille de John Herivel, qui a contribué à briser les codes de la machine Enigma, utilisés par les sous-marins allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle aurait grandi en Irlande du Nord, où son père enseignait à la Queen University de Belfast, avant de se rendre à Londres dans les années 70 et de rejoindre la secte, coupant tout lien avec sa famille.

Dans le cadre de ses activités politiques, elle a été arrêtée en 1978 avec sa camarade malaisienne, selon le "Times", et toutes deux auraient passé six mois en prison pour obstruction aux forces de l'ordre.

Fille d'une militante défunte

Sur la photo de 1997, le leader de la secte se rend au tribunal pour assister à l'enquête judiciaire sur la mort mystérieuse d'une militante de son mouvement. Celle-ci s'appelait Sian Davies et s'est éteinte en 1997 après être, semble-t-il, tombée par la fenêtre de la salle de bains de la maison de la communauté.

La défunte serait la mère de la troisième femme libérée à Londres, la Britannique de 30 ans nommée Rosie Davies par les médias. Agée de 14 ans au moment du décès de sa mère, elle serait restée vivre au sein de la communauté.

Lundi, plusieurs journaux britanniques ont publié l'une des 500 lettres envoyées par Rosie à un voisin. Elle y compare son existence à celle d'une "mouche piégée dans une toile d'araignée" et qualifie le couple arrêté de "monstre".

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